France Biotech présente la 8ème édition du Panorama de l’industrie des sciences de la vie

Selon le dernier  panorama de France Biotech, si le marché global de l’industrie des sciences de la vie poursuit sa croissance et s’impose comme modèle face à l’industrie pharmaceutique, les petites entreprises biopharmaceutiques fragilisées par la crise ont dû faire face à une baisse drastique des investissements en 2009. Elles ont, plus que jamais, besoin de trouver des fonds pour valoriser leurs innovations et diversifier leurs financements, notamment en renforçant leurs accords avec les big pharmas.

En santé humaine, l’industrie des sciences de la vie  compte 11 produits commercialisés en 2009 et 84 en développement clinique dont 10 en phase III et 4 en cours d’enregistrement. Ceci confirme la maturation du portefeuille des sociétés des sciences de la vie puisque le nombre de produits en phase de développement clinique a augmenté de 20%, passant de 55 à 66 produits (à périmètre constant de 2008 à 2009 sur 54 sociétés).

En 2008, le chiffre d’affaires des 170 sociétés des sciences de la vie ayant répondu à l’étude France Biotech était de 194,2 millions d’euros et leurs dépenses R&D s’élevaient à 981 millions d’euros avec un résultat net négatif à -239 millions d’euros. En ayant conservé les périmètres constants par rapport aux chiffres de l’année passée, on note que le chiffre d’affaires global a diminué 2% entre 2007 et 2008 ; contre 67% entre 2006 et 2008 ; alors que les dépenses de R&D ont poursuivi leur progression avec une augmentation de 42% (36% entre 2007 et 2008 et 40% entre 2005 et 2006). Ces chiffres soulignent une diminution relative de la progression du chiffre d’affaires, qui reflète les répercutions de la crise économique alors que l’on constate un effort d’investissement en Recherche et Développement, soutenu par les politiques de soutien à la recherche.

Un ralentissement des financements privés
Avec la crise, les investissements des capitaux risqueurs ont chuté de 56% entre 2008 et 2009, atteignant 65 millions d’euros en 2009 contre 151 millions en 2008. Sur ces 65 millions, 22 millions d’euros ont été investis en phase d’amorçage et premier tour, avec un ticket moyen de 1,3 millions d’euros. Si le montant moyen des phases d’amorçage a diminué, le nombre d’opérations reste stable (18 en 2008 et 17 en 2009), ce qui souligne l’intérêt continu des investisseurs pour les sciences de la vie. En revanche, les financements des seconds et troisièmes tours ont fortement chuté passant de 115 millions d’euros en 2008 à 43 millions d’euros en 2009, et même si le nombre d’opérations est resté stable en 2009 avec 16 opérations, le ticket moyen a chuté de 76%.

Fin 2008 et 2009 ont été marquées par les politiques de relance des pouvoirs publics et par la création des fonds gouvernementaux pour enrayer la crise, notamment avec, en décembre 2008, la création du Fond Stratégique d’Investissement (FSI) doté de 20 milliards d’euros et dont le secteur pharma/biotech représente 10% des dossiers traités (2ème secteur ciblé en termes d’investissements). Rappelons le partenariat signé entre France Biotech et le FSI en juin 2009.

Emergence des biotechnologies face au modèle Big Pharma
Le marché global des sciences de la vie poursuit sa croissance, malgré un contexte économique fragile, et les Etats-Unis maintiennent leur position de leader mondial.  Malgré une augmentation prévue de 4 à 6% du marché pharmaceutique mondial en 2010 (IMS Health), on constate un ralentissement net de ce secteur face à l’émergence des biotechnologies, qui développent actuellement plus de 50% des médicaments innovants. Cette évolution s’explique d’une part par la capacité d’innovation grandissante du secteur, mais aussi par la création, en avril 2008, de l’indice boursier Next Biotech, permettant aux investisseurs et acteurs financiers de suivre la performance du secteur.

Les Etats-Unis sont toujours leader mondial – dans le secteur des biotechnologies avec sept sociétés américaines (Pacific Biosciences Inc., Clovis Oncology Inc., Sangart Inc., Zogenix Inc., BioVex Inc., Hyperion Therapeutics Inc., et Sopherion Therapeutics LLC) présentes dans le top 10 du financement par capital risque de 2009 (Biocentury). L’un des faits marquants pour les Etats-Unis reste l’acquisition de Genentech par Roche, -pour un montant total de 46,8 milliards USD (Source BioWorld et Recombinant Capital janvier 2010). Les Etats-Unis restent leader dans tous les domaines, avec, pour ses sociétés cotées, qui représentent 48% du total des sociétés cotées mondiales, une part de marché mondiale 2008 de 74% pour un effectif de 64%. Avec un chiffre d’affaires 2008 de 66,1 milliards de dollars et des dépenses de R&D s’élevant à 25,2 milliards USD, le secteur a atteint, pour la première fois de son histoire, son seuil de rentabilité avec un bénéfice net de 417 millions USD.

L’Europe a vu son chiffre d’affaires augmenter de 26% entre 2007 et 2008, passant de 13,1 milliards à 16,5 milliards USD. De même, ses dépenses de R&D ont augmenté de 11%, passant de 4,6 milliards à 5,1 milliards USD en 2008. L’Europe a elle aussi subi les conséquences de la crise des financements, avec l’entrée en bourse de seulement trois entreprises (D-Pharm Ltd., Human Stem Cell Institute, Movetis N.V.) en 2009, pour un montant total investi de 158 millions USD. (Source BioCentury, 1er février 2010). Les petites sociétés ont vu leur trésorerie considérablement diminuer et on dénombre 66 sociétés avec moins d’une année de liquidité en 2008, contre 33 en 2007, et 50 sociétés de plus de cinq ans de trésorerie en 2008 contre 68 en 2007. (Source : Ernest & Young 2008).

Le Royaume-Uni, qui tenait une place dominante sur le marché des sciences de la vie, s’est effondré, passant de 37% des investissements totaux en Europe en 2007 pour un montant total de 2511 millions USD, à 6% en 2009 pour un montant de 381 millions USD. La Suisse, quant à elle, ne cesse de progresser, et est désormais passée devant la France au niveau du montant total investi avec 310 millions en 2009 contre 277 millions USD pour l’hexagone.

 Longtemps dominée par l’Australie et le Japon, la zone Asie/Pacifique voit émerger de nouveaux acteurs majeurs tels que la Chine, l’Inde ou Singapour. Malgré certaines difficultés, l’Australie a bien résisté en 2008, grâce notamment aux bons résultats de la société CSL, qui a enregistré une augmentation de 4% de sa capitalisation boursière lorsque le secteur s’effondrait (perte de 57% de sa valeur en bourse). La Chine a réalisé l’importance d’investir dans le monde des sciences du vivant, et compte bien combler son retard. Elle a prévu, d’ici 2020, de doubler son investissement en R&D pour atteindre 2,5% du PIB. La zone Asie/Pacifique, malgré son retard actuel face aux géants du secteur, doit être considérée comme un acteur à part entière dans le domaine puisqu’elle présente de nombreux avantages concurrentiels.

Source : France Biotech