Dossier pharmaceutique: moins de 20% des Français disent le connaître

Selon un sondage réalisé par Viavoice pour le Collectif Interassociatif sur la Santé (CISS), moins de 20% des Français déclarent connaître le « dossier pharmaceutique ». Plus surprenant, note le CISS, moins de 10% déclarent en posséder un, ce qui tendrait à montrer que beaucoup de détenteurs de DP n’en ont pas conscience.

Les détenteurs de dossiers pharmaceutiques sont à 65 % des femmes et à 33 % des habitants de communes rurales. A l’inverse, on recense moins d’hommes (35 %) et d’habitants de grandes agglomérations (parisienne notamment avec 13 %). Ces mêmes détenteurs sont 9 sur 10 à déclarer avoir confiance en l’utilisation qui en est faite par les pharmaciens, 8 sur 10 estiment leurs données personnelles sécurisées ; et 85% pensent que le DP présente un intérêt pour leur santé personnelle, notamment en tant qu’outil efficace pour lutter contre les interactions médicamenteuses qui est reconnu à 74%.
 
Au niveau des « non-détenteurs » : ils le sont principalement, à 73%, « parce qu’on ne leur a pas proposé »… « c’est-à-dire par manque d’information », souligne le CISS.  Un manque d’information corrélée par le fait que, parmi les « détenteurs de DP », seuls 55% ont le sentiment d’être « bien informés » sur celui-ci et 54% que « le pharmacien leur a fourni les informations nécessaires ».
Ainsi, des idées fausses sont également associées au DP telle que le contrôle des remboursements par l’Assurance maladie cité par près de 70% des sondés ou encore la présence d’informations médicales autres que celles portant exclusivement sur le médicament.

Le CISS souligne également que 42% des détenteurs déclarent avoir pris connaissance par hasard de leur dossier pharmaceutique, et non pas au moment de son ouverture par le recueil de leur « consentement éclairé » comme le prévoient les textes. Pour autant, les détenteurs d’un dossier pharmaceutique, qu’ils aient consenti expressément ou pas à l’ouverture de leur DP, choisissent de conserver cet outil : 87% des personnes qui déclarent avoir subi une ouverture de DP sans leur accord le conservent malgré tout. « Une constatation sûrement liée au fort niveau de confiance exprimé à la fois envers l’outil DP et envers le pharmacien », estime le CISS.

 Cette appréciation bienveillante du DP incite les personnes à être plutôt enclines à un élargissement des modalités de consultation et du contenu de leur dossier pharmaceutique :

 – 69% souhaiteraient pouvoir accéder seules en direct à leur DP ;
– 58% voudraient que d’autres professionnels de santé, au-delà du pharmacien, puissent y accéder ;
– 52% envisageraient que davantage d’informations de santé, au-delà des médicaments, y soient intégrées.

La complémentarité entre DP et DMP
Ce dernier point doit être interprété dans la perspective de la montée en puissance du DMP, qui constitue le dossier dans lequel les usagers doivent pouvoir retrouver l’ensemble de leurs informations de santé qu’ils souhaitent et que le DP devra venir alimenter sur la partie « médicaments ». ‘On voit bien que la complémentarité entre DP et DMP est naturellement pressentie par les usagers, et déjà attendue’, souligne le CISS.

 En conclusion,  le Collectif Interassociatif sur la Santé  souligne que cette étude sur le Dossier pharmaceutique montre l »’importance d’un accompagnement par les professionnels de santé concernés, en l’occurrence le pharmacien, pour permettre le développement serein et efficace de cet outil. Transposée au Dossier Médical Personnel, cette analyse souligne la responsabilité des médecins dans la réussite du DMP par leur implication dans son développement (…) ».

 Enfin le CISS estime que « la coordination du déploiement du DP et du DMP est primordiale, lequel doit s’accompagner d’une communication forte des pouvoirs publics sur l’intérêt à la fois collectif et individuel des dossiers de santé ».

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(1) Sondage réalisé par Viavoice pour le CISS, au téléphone du jeudi 8 septembre au mercredi 21 septembre 2011, auprès :

– d’un échantillon de 1003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (représentativité assurée par la méthode des quotas),

– d’un échantillon de 401 détenteurs de dossier pharmaceutique (représentativité assurée par la méthode des quotas après un redressement réalisé sur la base du profil des 81 détenteurs de dossiers pharmaceutiques recensés dans l’échantillon national représentatif).

 Source : CISS