Le nombre de pharmaciens baisse en France en 2010

L’Ordre national des pharmaciens vient de publier le recensement annuel des pharmaciens au 1er janvier 2011. Pour la première fois, la croissance globale des effectifs de pharmaciens marque un point d’arrêt. En 2010, 73 259 pharmaciens étaient inscrits soit 73 de moins qu’en 2009. Une baisse d’effectif de 0,1 %, qui bien que guère significative, inquiète. « Un symbole est atteint », note l’Ordre des pharmaciens.

Par métier, ce repli est plus marqué chez les pharmaciens libéraux titulaires d’officine (-0,77%) ou de laboratoires de biologie médicale (-1,3%). La légère augmentation du numerus clausus annuel de 2004 (de 2250 en 2003, il est passé à 2400 en 2004, soit 150 places supplémentaires dont les diplômes devaient être effectifs en 2010) ne parvient pas à compenser les sorties du tableau de l’Ordre (celles des pharmaciens pour départ à la retraite mais aussi celles pour départ précoce).

Plus grave encore, on constate en 2010 une « évaporation » des tous jeunes diplômés : 20 % d’entre eux ne s’inscrivent pas à l’Ordre à l’issue de l’obtention de leur diplôme en choisissant probablement d’autres professions connexes ou d’autres voies ( environnement, cosmétologie, agro alimentaire …). Ce qui remet en cause l’attractivité de la profession. On constate que le recours à des diplômés étrangers demeure faible (1,4 % des effectifs). Parmi ceux-ci, un peu plus d’un tiers sont des européens et prés deux autres tiers sont issus du continent africain. 

Un vieillissement de la profession
Le vieillissement (46,2 ans en moyenne) devrait encore se poursuivre plusieurs années. L’inversion de la tendance est attendue aux alentours de 2020, sous l’effet conjugué du départ à la retraite de la génération actuellement la plus nombreuse (48- 57 ans) et de l’arrivée d’une nouvelle génération de jeunes pharmaciens issus de la réévaluation du numerus clausus à partir de 2004.

Dynamique territoriale
Pharmacies d’officine et laboratoires de biologie médicale conservent une répartition harmonieuse sur le territoire. Les concentrations touchant la biologie privée n’affectent pas encore le nombre de sites. Et les suppressions d’officines (116 en 2010 contre 98 en 2009) ont lieu plutôt en zones urbaines, où leur densité demeure forte.
En 2010, les transferts d’officines se sont quasiment tous (97,9 %) opérés à l’intérieur de la commune d’implantation, traduisant ainsi la recherche de meilleures conditions de travail. Ils concernent en majorité les communes rurales (moins de 5000 habitants) des régions de la façade Ouest et du Nord-est, En parallèle, l’amorce de recomposition de la desserte observée en 2009 dans les communes d’Ile-de-France, du Sud-Est et de l’axe rhodanien se confirme. Les jeunes titulaires ont tendance à privilégier la moitié Nord de la France, avec une préférence pour l’Ouest normand ou le quart Nord-Est (Lorraine, Alsace, Bourgogne…), notamment dans les zones rurales. A l’opposé, le Sud-Ouest, la Corse, le Centre et l’Ile de France se caractérisent par une moyenne d’âge élevée des titulaires d’officine.

La féminisation de la profession
La féminisation de la profession se poursuit, atteignant deux tiers des effectifs au global (66,67 %). Déjà largement majoritaires chez les adjoints d’officine (82%) et les pharmaciens hospitaliers (76%), les femmes voient également leur proportion augmenter dans les autres sections,

Isabelle Adenot, Président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens, souligne : « En 2010, les pharmaciens tiennent toujours leur place de professionnels de santé de proximité dans toutes les régions de France. En revanche, la question de l’attractivité de la profession est préoccupante. Face au défi démographique qui attend la profession, il faut plus que jamais raisonner avec d’autres paradigmes pour accueillir les jeunes. La profession a besoin de sa jeunesse. ».

Les tendances section par section

Pharmaciens biologistes (Section G) :
– la baisse globale des effectifs (- 1,3 % ; 7 860 inscrits en 2010) se confirme par rapport à 2009. Dans le secteur privé, la baisse des effectifs est de – 2,62% (5019 inscrits) tandis que dans le même temps la hausse des effectifs du secteur public est de 1,3% (2577 inscrits) ;

la moyenne d’âge des pharmaciens biologistes est la plus âgée des pharmaciens (49,8 ans pour un age moyen de l’ensemble des pharmaciens de 46, 2 ans) ;

la réforme de la biologie médicale a engagé de fortes évolutions dans les structures privées. Ainsi,  69,9% (+ 6,8% en 2010) des entreprises sont exploitées en Société d’Exercice Libéral (SEL). Plus de 280 entreprises se sont restructurées et se sont inscrites en laboratoire de biologie médicale multi sites, avec en moyenne 4,4 sites par laboratoire (2,2 en moyenne pour le format avant réforme des laboratoires d’analyse de biologie médicale).

Pharmaciens de l’industrie (Section B) :
– les mouvements de concentration se poursuivent parmi les entreprises pharmaceutiques (- 12% d’établissements), mais le nombre de pharmaciens qui y exercent demeure stable à 3348 inscrits (+ 0,3%).

Pharmaciens de la distribution en gros (Section C) :
– dans un contexte de croissance du nombre des acteurs de la distribution pharmaceutique (+ 1,8% d’entreprises et + 4,94% d’établissements), les effectifs de ces pharmaciens augmentent de 6,7 % (685 inscrits).

Pharmaciens titulaires d’officine (section A) :
Pharmaciens
– 30,9% des pharmaciens titulaires ont plus de 55 ans ;
– la moyenne d’âge des pharmaciens titulaires (49,1 ans) est plus importante que celle de l’ensemble des pharmaciens (46,2 ans) ;
– le nombre de pharmaciens titulaires diminue légèrement (0,78 % ; 27 857 inscrits en 2010) mais l’exercice libéral reste encore globalement attractif ;

la tendance à l’exercice en groupe se poursuit : 51% des pharmaciens titulaires exercent en association ;
– 5704 SEL sont inscrites dont 40,8% ont au moins deux sources de capital (associés exerçants, associés non exerçants ou autres SEL).

Pharmacies
– en moyenne, on compte une pharmacie pour 2 800 habitants ;
– en moyenne, on compte 43 pharmacies pour 1 000 km2 (moyenne européenne à 63,87) ;
– bien que le nombre de pharmacies soit en baisse de 0,9%, la répartition géographique des officines reste harmonieuse. La loi de régulation atteint son objectif, les jeunes pharmaciens titulaires ne désertent pas les zones rurales et sensibles ;
– 234 transferts et 31 regroupements ont été réalisés cette année.

Pharmaciens exerçants en officine et autres exercices (section D) :
– les effectifs des pharmaciens qui exercent en officine privée sont stabilisés (-0,1 % ; 25 759 inscrits en 2010), mais les effectifs des pharmaciens adjoints baissent de 1,5% (21956 inscrits en 2010). Le nombre de pharmaciens intérimaires est en revanche en forte augmentation (+ 9% ; 3 698 inscrits), ce qui signe une augmentation de la précarité ;
– 16, 8% des pharmaciens adjoints d’officine ont plus de 55 ans ;
– les pharmaciens exerçants dans les pharmacies mutualistes ou minières sont en baisse de 7,3%.

Pharmaciens des établissements de santé (Section H) :
– la hausse des effectifs se poursuit dans cette section (+ 0,99 % ; 5 741 inscrits en 2010) avec des disparités entre le secteur public (+ 4,16% ; 3 528 inscrits en 2010) et le secteur privé (+ 1,74% ; 2 103 inscrits en 2010) ;
– le nombre de pharmacies à usage intérieur (PUI) publiques diminue (- 0,37% ; 1 083 PUI en 2010) tout comme celles du secteur privé (- 1,66% ; 1 482 PUI en 2010).

Pharmaciens de l’outre-mer (Section E) :
– Ces pharmaciens connaissent une progression plus modérée en 2010 (+ 1 % ; 1 598 inscrits en 2010) dans des départements et collectivités encore en croissance démographique. Depuis 2005 le taux d’évolution est de + 12,13%.

Source : Ordre national des pharmaciens