la Mutualité Française dénonce « les stratégies de contournement » de l’industrie

La Mutualité Française, qui fédère la quasi-totalité des mutuelles santé, publie aujourd’hui une étude intitulée « Bilan de 25 ans de politique du médicament générique ». Cette dernière met en exergue le retard du marché des génériques français à l’échelle européenne et pointe du doigt les rapports de force exercés par les acteurs du médicament en France.

L’étude rappelle qu’entre 2003 et 2007, le marché français des génériques a progressé à un taux de croissance annuel moyen d’environ 17 % en valeur passant ainsi de  1,6 à 3,5 milliards d’euros en 5 ans. Elle souligne par ailleurs que malgré cette forte progression, les médicaments génériques ne représentent en 2007 que 11 % du chiffre d’affaires des médicaments vendus en France en pharmacie d’officine et 18 % du nombre de boîtes délivrées.

Un « marché trop limité » à l’échelle européenne
Aussi, l’organisme, présidé par Jean-Pierre Davant, juge le marché hexagonal « encore trop limité au regard de ce qui est observé dans les autres marchés européens ». Selon l’étude, en 2007 moins d’une boîte sur cinq délivrée en France était un médicament générique, contre déjà 1 boîte sur 2 en Allemagne et au Royaume-Uni en 2005. La Mutualité souligne que « les perspectives d’économies pour la collectivité sont encore importantes » soit 493 millions d’euros pour 2008.

« Une stratégie de contournement »
Si l’étude identifie les facteurs de développement et souligne le rôle central du pharmacien, elle pointe aussi du doigt les principaux freins. Au premier rang, le cadre réglementaire avec son « manque de transparence sur la durée de validité des brevets », des « retards d’inscription au répertoire des génériques » et « la limitation du champ » de ce dernier.
Par ailleurs, la Mutualité Française dénonce « la stratégie de contournement de l’industrie pharmaceutique princeps ». « Lorsqu’un nouveau générique est commercialisé, les médecins ont tendance, sous la pression des laboratoires pharmaceutiques, à reporter leurs prescriptions sur un produit protégé par un brevet et donc plus cher » affirme-t-elle.  Autre stratégie observée, le développement « d’un médicament chimiquement proche mais qui n’apporte pas de bénéfice thérapeutique véritable par rapport à la molécule d’origine. »

Un répertoire des équivalents thérapeutiques
Sur les bases de l’étude, la Mutualité Française propose notamment la création d’un répertoire des équivalents thérapeutiques afin d’élargir le répertoire des groupes génériques et « de lutter contre les stratégies de contournement ». Cet outil qui serait mis en place par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et l’assurance maladie « permettrait aux praticiens d’identifier les traitements qui, à efficacité égale, engagent une dépense moindre pour la collectivité et le patient ».

Pour plus d’informations, télécharger l’intégralité de l’étude