Sécu: 30 milliards, et après ?

Sécu: 30 milliards, et après ?20 en 2009, 30 en 2010. Et combien en 2011 ? Moins sans doute si la croissance repart, et avec elle l’emploi, grand pourvoyeur de cotisations. Mais, pour l’heure, le déficit de la Sécurité sociale se creuse sans que personne n’en voit vraiment le fond.

Le paradoxe de la crise est sans doute dans l’installation des déficits : si en effet, le gouvernement, les experts et bien sûr l’Elysée travaillent aux scénarios de l’après-crise, bien malin qui pourrait dire aujourd’hui ce qu’il faudra faire quand la dépression aura fini de causer des ravages. Revenir aux vieilles recettes de la maîtrise comptable ? Difficile, et peu efficace. S’en tenir au flou artistique de la maîtrise médicalisée des dépenses ? Encore moins efficace. Et qui faire payer ? les industriels du médicament, les médecins, les patients ?

Toutes ces recettes ont été essayées depuis près de trente ans… Une guerre de trente ans, pour trente milliards. Fichtre ! Pour l’heure, personne n’y trouve à redire : le déficit de la Sécurité sociale sert d’amortisseur aux effets de la crise, de bouclier en somme. Mais que se passera-t-il après ?

Opération coup de torchon : c’est la suite du programme. L’une des armes -assez peu publique pour être accessible à tous, et notamment à la polémique-, est ce que les initiés appellent l’évaluation médico-économique. En clair, tous les produits et services de santé sont progressivement soumis à la moulinette de la pertinence du soin : mais ça, on le savait déjà. Ce que l’on sait moins, c’est que cette même moulinette servira évaluer la pertinence du non-soin.

En plus clair encore, les autorités de santé (et notamment la HAS) devront être en état de dire et de chiffrer un refus de mise sur le marché, même si, en cette occurrence, le service médical rendu (SMR) pourra être considéré comme satisfaisant. Une fois décrypté, cela s’appelle le rationnement des soins. Question : est-ce possible ? Mais bien sûr !  Quand on voit que le gouvernement a les yeux de Chimène pour le NICE anglais, l’organisme médico-économique le plus radin d’Europe, on a tout compris.

Hervé KARLESKIND © HKConseils