Cancer de la prostate : les résultats de l’étude française GETUG 12 présentés à l’ASCO

Le Pr Karim Fizazi, oncologue spécialiste des tumeurs génito-urinaires et chef du département de Médecine Oncologique de Gustave Roussy (Villejuif a présenté dimanche 1er juin, lors du 50e congrès de l’ASCO, à Chicago, les résultats de GETUG 12, étude française multicentrique randomisée de phase III, promue par Unicancer, menée chez 413 patients atteints d’un cancer de la prostate localement avancé ou à haut risque de rechute.

Les résultats, avec 8 ans de suivi, suggèrent que l’association d’une chimiothérapie (docétaxel et estramustine) au traitement de référence diminue le risque de rechute ou de décès.

L’objectif de l’étude GETUG 12 était de quantifier l’impact d’une chimiothérapie sur la survie sans progression du cancer de la prostate chez des patients atteints de forme localement avancée ou à haut risque de rechute sous traitement de référence.  Les patients étaient donc traités par radiothérapie et par hormonothérapie (goséréline) administrée pendant 3 ans. La cohorte a été répartie aléatoirement en deux groupes dont un seul a reçu une chimiothérapie. Initiée avec l’hormonothérapie, cette chimiothérapie comprenait 4 cycles d’une association de docétaxel et d’estramustine. Le temps de suivi médian des patients est proche de 8 ans (7.6 années).

Les résultats de GETUG 12 suggèrent que la chimiothérapie, associée au traitement de référence, diminue le risque de rechuter ou de décès : la survie sans rechute à 8 ans était de 62% pour les patients traités par chimiothérapie contre seulement 53% dans le groupe témoin.

Dans cette étude, les patients qui étaient atteints d’une forme particulièrement volumineuse de leur cancer ou qui présentaient un taux de marqueurs sanguins (PSA) élevé (supérieur à 20 ng/mL) bénéficiaient encore plus de la chimiothérapie.

Chez les patients ayant reçu la chimiothérapie, la fréquence des effets secondaires à long terme n’était pas plus élevée. Ces effets étaient le plus souvent faibles à modérés.

Publiés dans l’European Journal of Cancer en 2012, les résultats préliminaires de GETUG 12 montraient que l’adjonction de la chimiothérapie au traitement standard, sans altérer la qualité de vie des patients à 1 an, diminuait significativement leur taux de PSA (Antigène Prostatique Spécifique) à 3 mois.

Les résultats de GETUG 12 sont les premiers à suggérer un impact favorable de la chimiothérapie chez des patients atteints d’un cancer de la prostate localisé à haut risque de rechute.  Cependant, un suivi plus long ainsi que la publication prochaine d’autres études similaires seront nécessaires avant d’en généraliser l’usage.

Ces résultats viennent conforter l’intérêt de l’essai international PEACE 2 (GETUG-AFU 23) lancé en décembre 2013. Cet essai qui doit inclure plus de 1000 patients vise à évaluer l’efficacité d’une chimiothérapie néoadjuvante par cabazitaxel et celle d’une radiothérapie pelvienne en association à une hormonothérapie chez des patients à très haut risque de rechute.

L’étude GETUG 12 a bénéficié d’un financement de la Ligue contre le cancer et de Sanofi-aventis France.

Docetaxel-estramustine in localized high-risk prostate cancer: Results of the French Genitourinary Tumor Group GETUG 12 phase III trial. Author(s): Karim Fizazi, Agnes Laplanche, Francois Lesaunier, Remy Delva, Gwenaelle Gravis, Frederic Rolland, Frank Priou, Jean Marc Ferrero, Nadine Houede, Loic Mourey, Christine Theodore, Ivan Krakowski, Jean François Berdah, Marjorie Baciuchka, Brigitte Laguerre, Jean-Louis Davin, Anne-Laure Martin, Muriel Habibian, Laura Faivre, Stephane Culine;

Source : Gustave Roussy