Economie de la santé : le Leem veut combattre les idées reçues

Alors que la prochain Comité stratégique de produits de santé (CSIS) doit se tenir en janvier 2012, le Leem (Les Entreprises du Médicament) a présenté hier les résultats d’une étude du BIPE sur l’efficience du médicament. Objectif : démontrer que le médicament est un « vecteur d’efficience économique ».

« Contribuer à un débat constructif sur le pilotage du système de santé suppose de combattre les idées reçues, sur la base de données objectives, estime Christian Lajoux, président du Leem. Cela consiste aussi à dégager des pistes de réflexion, en produisant des éléments étayés pour améliorer l’efficience du système ».

Contre un certain nombre d’idées reçues, le Leem a ainsi rappelé – conforté par une étude publiée en mars 2011 par la CNAMTS – que les Français ne sont pas les plus grands consommateurs de médicaments d’Europe, et qu’il existe de fortes convergences de consommation entre les pays du continent. Le Leem souligne enfin que le prix du médicament en France – tant le prix fabricant que le prix public – est inférieur à celui constaté dans nombre de pays occidentaux. La France affiche également des indicateurs de santé publique supérieurs à la moyenne européenne, notamment dans le cas des maladies cardiovasculaires et des maladies cancéreuses.

Le médicament, vecteur d’efficience économique »
L’organisation professionnelle a demandé au BIPE, société d’études économiques, d’évaluer « dans quelle mesure le médicament est un économiseur de coûts » en étudiant, d’une part l’efficience « directe » liée au coût du médicament lui-même, et d’autre part l’efficience du médicament à l’intérieur du système de soins. « Pour la première fois, il est économiquement démontré que l’augmentation – très modérée – des dépenses de médicaments remboursables n’est pas imputable à la politique commerciale des industriels ni à une pression supposée sur les perscripteurs, mais à des facteurs d’ordre démographique (augmentation de la population et vieillissement), à la diffusion du progrès thérapeutique, et surtout à l’accroissement très rapide et à une meilleure prise en charge des Affections de longue durée (ALD), qui augmentent de près de 4 % par an », explique le Leem.

L’étude du BIPE montre que les gains d’efficience réalisés directement au sein du poste médicament – qui s’appuient sur les baisses de prix, la substitution générique, ou encore les grands conditionnements – ont atteint 3,4 points de dépenses de médicaments présentées au remboursement, par an, en moyenne sur la période 2005-2009, et devraient avoisiner 4,5 points en 2010. Au total, ces économies représentent de l’ordre de 4 %, en moyenne chaque année, sur la période 2005-2010. A ceci s’ajoute de l’ordre de 0,5 point par an au titre de la maîtrise médicalisée (modération de la prescription des médecins au travers des Contrats d’amélioration des pratiques individuelles – Capi – et du système de Pay For Performance de la nouvelle convention médicale).

Outre ces gains d’efficience, l’Assurance maladie a réalisé d’autres économies sur le poste médicament – avec des mesures de déremboursement, de hausses du ticket modérateur, de franchises par boîtes – avec pour conséquence une évolution du poste médicament nettement moins rapide que le reste des soins de ville depuis 2006.

Le médicament, alternative à des soins plus coûteux
« L’immense majorité des économies réalisées sur les soins de ville est le fait du médicament, qui s’est substitué, dans le coût global des soins, à des techniques plus onéreuses et plus invasives », estime le Leem. Selon le BIPE, qui a cherché à apprécier quels sont les autres coûts que le bon usage du médicament permet d’économiser, « l’ensemble des études converge clairement vers des économies démontrables pour les pathologies chroniques à la fois très répandues et très couteuses, ce qui les rend d’autant plus ‘‘clés’’ ».

« Avec l’étude du BIPE, nous démontrons avec précision que le médicament a apporté ces dernières années des économies directes sans précédent, via les différents leviers de la régulation, analyse Christian Lajoux, président du Leem. Nous établissons aussi que son bon usage permet d’éviter d’autres dépenses de soins. Il nous faut maintenant pousser plus loin notre réflexion, et nous donner les moyens économétriques et statistiques de mesurer comment l’appareil de soins a répercuté les gains de productivité réalisés sur le médicament, car ce dernier ne pourra pas compenser indéfiniment, et à lui seul, la dérive de la prise en charge ».

En effet, en contrepoint de ces gains d’efficience réalisés sur le médicament, l’évolution du marché remboursable du médicament marque un essoufflement préoccupant. Après une évolution de + 1,6 % en moyenne sur les cinq dernières années, les perspectives du marché en France sont très sombres, avec une décroissance de chiffre d’affaires prévue en 2012. « La régulation ne continuera de fonctionner qu’à la condition de demeurer soutenable pour l’équilibre des entreprises, la préservation des emplois industriels et l’attractivité du territoire », prévient le Leem.

Source : Leem