Economie & Emploi : l’industrie pharma fait son bilan

Le Leem publie son bilan annuel « Economie & Emploi » des Entreprises du Médicament opérant en France. Dans un contexte de maîtrise des dépenses, le marché domestique de santé se stabilise. Les entreprises trouvent des relais de croissance à l’international. Pour la troisième année consécutive, l’industrie du médicament connaît une baisse de ses effectifs en 2010 (estimée à -1,8 % en 2010).

 En 2010, le chiffre d’affaires du médicament sur le marché français marque le pas en s’établissant à 27,3 milliards d’euros (+ 0,7 % vs 2009). La multiplication des dispositifs de maîtrise des dépenses de santé explique cette stabilisation du marché domestique : baisse du prix des médicaments, politique incitative en faveur des génériques, référentiels de bon usage, contrats d’amélioration des pratiques individuelles (Capi), changement des critères d’évaluation par la Commission de la Transparence et début d’encadrement des prescriptions hospitalières.

Pour la troisième année consécutive, la croissance du marché des médicaments pris en charge par la sécurité sociale, en 2010, se situe autour de la limite de 1 % prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale. Les médicaments génériques ont continué leur progression en 2010 : en valeur, ils représentent 13 % du marché du médicament remboursable en ville, et, en volume, une boîte sur 4, avec malheureusement des conséquences sur l’emploi des visiteurs médicaux.

 Niveau record des exportations
Dans ce contexte, les entreprises opérant en France ont trouvé des relais de croissance à l’international. Les exportations de médicaments se hissent à 24,1 milliards d’euros en 2010, soit un taux de croissance de + 4,5 %. Elles atteignent désormais un niveau relativement voisin de celui des ventes en France. Les exportations concernent principalement l’Europe (59 %), l’Amérique (15 %) et l’Asie (11 %). La France a importé 17 milliards d’euros de médicaments en 2010 (+ 3 %), en provenance principalement d’Allemagne (21 %), de Belgique (9 %) et de Suisse (8 %).

Au total, les Entreprises du Médicament ont généré en 2010 un excédent commercial record de 7,3 milliards d’euros, réalisant un bond de près de 8 % par rapport à 2009. Le médicament occupe le 4e rang des secteurs industriels en termes d’excédent commercial français, contribuant à la réduction du déficit de la balance commerciale qui s’élevait – tous secteurs confondus – à 51 milliards d’euros en 2010. On estime que la croissance des exportations pourrait se tasser légèrement en 2011 pour redémarrer en 2012. 

L’emploi en mutation
Le secteur emploie 104 605 personnes en 2010 selon les estimations du Baromètre Emploi du Leem (106 564 en 2009). Pour la troisième année consécutive, l’industrie du médicament connaît une baisse de ses effectifs en 2010 (estimée à -1,8 % en 2010, soit une perte de 1 959 emplois, contre -1,7 % en 2009), du fait d’une mutation structurelle profonde du secteur et d’un contexte économique difficile (en comparaison, d’après l’Unédic, l’emploi dans l’ensemble des secteurs industriels en France a diminué de 5,16 % en 2009).

 Cette baisse de l’emploi des Entreprises du Médicament est compensée en partie par une externalisation d’activité. Cependant, le risque d’une aggravation de la situation dans les années à venir existe, dans les entreprises et chez leurs sous-traitants, dans la mesure où de nombreuses restructurations annoncées en 2008, 2009 et 2010 auront des conséquences visibles sur les effectifs de 2010 à 2012.

Les entreprises interrogées dans le Baromètre Emploi 2011 du Leem estiment à – 1,4 % la baisse en 2011, portant l’effectif sectoriel à 103 099 personnes.

La diminution de l’emploi concerne prioritairement la commercialisation et plus particulièrement la visite médicale, dont les effectifs sont passés de 24 000 en 2004 à 18 300 en 2010, et différentes études montrent qu’ils devraient représenter 15 000 à 16 000 emplois en 2012/2014 (études Eurostaf et Arthur D.Little). Les fonctions « support et administratif » sont également concernées par cette baisse ces dernières années.

 L’évolution des effectifs de la branche. Baromètre Emploi 2011 du Leem

 

Toutefois, les Entreprises du Médicament continuent de recruter. Le nombre des embauches en 2009 s’est élevé à près de 9 000 personnes (dernières données disponibles). Elles correspondent aux recrutements dus au turn-over naturel, aux départs en retraite et aux nouveaux besoins dans la bio-production notamment. Les principaux leviers positifs pour l’emploi en France en 2011 sont le développement des marchés à l’exportation et l’accès aux financements publics ou privés pour la recherche et développement. Les Entreprises du Médicament rencontrent cependant des difficultés de recrutement pour certains métiers en R&D, en production (maintenance industrielle, assurance qualité…), et pour certains profils (pharmaciens et médecins). Cette pénurie intervient alors que le secteur connaît des évolutions rapides dans les domaines économiques, technologiques et réglementaires, dans un environnement fortement concurrentiel. D’ici 2018, le secteur du médicament connaîtra près de 18 000 départs à la retraite (17,5 % des effectifs) et plus de 23 000 départs (22 %) liés au turn-over naturel.

L’industrie du médicament : un atout pour la croissance et la sortie de crise
Les années 2009 et 2010 ont été marquées par l’ampleur et le rythme des mutations de l’industrie du médicament. L’année 2011 confirme ce mouvement, avec un modèle de R&D profondément transformé par l’émergence des biotechs, et un modèle industriel en profonde transformation. Les Entreprises du Médicament sont une industrie à forte valeur ajoutée et le deuxième secteur en matière d’investissements en R&D en France (juste derrière l’automobile), avec 5 milliards d’euros investis en 2008[1], soit 12,5 % du CA des Entreprises du Médicament (contre 5 % pour l’automobile). Plus de 22 000 salariés du secteur sont employés à la recherche en France. Cet effort de R&D est essentiel pour renforcer la position du médicament français sur les marchés internationaux en sortie de crise.

 Prévisions économiques des entreprises du médicament en France pour 2011 – 2012

    2010 Croissance Croissance Croissance
    En M€ 2010 / 2009 2011 / 2010 (p) 2012 / 2011 (p)
Chiffre d’affaires France 27 334 +0,7% +0,4% +0,5%
  CA Officinal 21 524 +0,3% +0% +0,1%
  Médicaments remboursables 19 625 +0,4% +0% +0%
  Médicaments non remboursables 1 899 -0,8% +0% +1%
  CA Hôpital 5 810 +2,0% +2% +2%
Chiffre d’affaires à l’exportation 24 137 +4,5% +3% +5%
Chiffre d’affaires total 51 471 +2,4% +1,6% +2,6%
             

Source : Leem d’après GERS – à la date du 14 juin 2011 — (p) pour prévisions

 Les prévisions pour 2011 et 2012, dans un contexte de régulation très stricte des dépenses de santé en France, laissent prévoir une croissance zéro du médicament remboursable en ville, contre une croissance de 2,2 % en 2009. Signe que le médicament n’est pas une source de dérapage des comptes de l’Assurance maladie, l’évolution des dépenses de médicaments en France reste très inférieure à celle de l’Ondam[2] et à celle de la création de richesses du pays (+ 2 % de progression du PIB prévue en 2011).

 « L’industrie du médicament fait partie des activités qui font de la France une grande puissance industrielle mondiale, analyse Christian Lajoux, Président du Leem. Deuxième secteur exportateur français, quatrième contributeur à la balance commerciale du pays, elle s’impose comme un véritable levier de croissance pour sortir de la crise. Dans la compétition et la mutation internationales, la France a répondu de manière énergique aux enjeux de compétitivité par des engagements nationaux forts. Cette politique doit être poursuivie, afin de permettre au tissu industriel français de répondre aux nouveaux défis, de continuer à s’investir dans des partenariats public-privé ou encore de participer à l’avenir des biomédicaments ».

Le bilan « Economie & Emploi » est disponible sur www.leem.org

Source : Leem

[1] Dernières données disponibles publiées en octobre 2010 – source Ministère de la Recherche
[2] Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie, fixé à 3% en 2010,  2,9 % en 2011 et 2,8 % en 2012.