Hyperactivité éphémère pour les jeunes neurones de notre cerveau

Hyperactivité éphémère pour les jeunes neurones de notre cerveauDes chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS ont montré que les neurones naissant dans le cerveau adulte présentent au début de leur vie une hyperréactivité, propriété qu’ils perdent en quelques semaines pour finalement ressembler à tous les autres neurones. Cette découverte pourrait expliquer l’échec des stratégies thérapeutiques fondées sur les greffes.

Pierre-Marie Lledo et son équipe de l’unité Perception et Mémoire à l’Institut Pasteur (CNRS URA 2182) viennent de mettre en évidence une propriété inattendue des nouveaux neurones qui naissent dans le cerveau adulte, et s’intègrent dans le bulbe olfactif : pendant les douze premières semaines de leur vie, période cruciale pour leur intégration dans les circuits nerveux, ces jeunes cellules sont particulièrement réactives aux excitations et présentent des capacités d’apprentissage accrues. Cette hypersensibilité disparaît ensuite, et les nouvelles cellules nerveuses, n’apportant plus aucune fonction particulière, retrouvent des propriétés similaires à ceux des autres cellules.

Les scientifiques ont par ailleurs montré que deux semaines après leur formation, seules 50% de ces nouvelles cellules réussissent leur intégration dans les circuits neuronaux, condition indispensable à leur survie.  Ainsi, seuls certains néo-neurones – peut-être les plus actifs –  parviendraient à établir de nouvelles connexions. L’élimination des autres permettrait alors un renouvellement constant et progressif des cellules nerveuses au sein du bulbe olfactif. Considérée auparavant comme un véritable gaspillage – 10 000 cellules produites par jour devant mourir très vite –, cette production permanente de neurones a maintenant un rôle évident : faire place aux jeunes cellules.
  
Une meilleure compréhension des tentavies de greffes
La découverte, si elle se vérifiait pour d’autres structures cérébrales, permettrait de comprendre les difficultés rencontrées aujourd’hui lors de tentatives de greffes pour le traitement des maladies neurodégénératives. Dans les années 1990, en effet, les greffes de cellules dopaminergiques provenant d’embryons, chez des patients atteints de la maladie de Parkinson, n’avaient abouti qu’à une récupération temporaire des facultés motrices. Si les nouveaux neurones ne montrent des propriétés importantes que durant quelques semaines, tenter de récupérer certaines fonctions cérébrales à l’aide d’un unique apport cellulaire reste alors illusoire. Mieux vaudrait donc chercher à stimuler les capacités naturelles du cerveau à produire des neurones de façon continue.

Source : Institut Pasteur
Neurogenesis promotes synaptic plasticity in the adult olfactory bulb, Nature Neurosciences, publié en ligne le 3 mai 2009.

Antoine Nissant, Cedric Bardy, Hiroyuki Katagiri, Kerren Murray & Pierre-Marie Lledo
Institut Pasteur, unité Perception et mémoire, CNRS, URA 2182, 25 rue du Dr. Roux, F-75724 Paris Cedex 15, France.

  Mouret A, Gheusi G, Gabellec MM, de Chaumont F, Olivo-Marin JC et Lledo P-M. Learning and survival of newly generated neurons: when time matters. J. Neurosci. 28, 11511-16, 2008