Les thérapies ciblées confirment leur percée sur le plan mondial

L’édition 2012 du congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) a une nouvelle fois donné la part belle aux thérapies ciblées freinant la progression tumorale dans de nombreuses formes de cancers fréquents. Le point avec le Pr Emmanuel Mitry, directeur médical cancers digestifs, gynécologiques et urologiques à l’Institut Curie et le Dr Etienne Brain, oncologue médical à l’Institut Curie.

« La présentation des résultats de l’essai « Emilia » évaluant l’efficacité de la molécule T-DM1 dans les formes de cancer du sein surexprimant le récepteur HER2 est l’élément majeur que l’on retiendra » indique d’entrée de jeu le Dr. Etienne Brain, oncologue médical à l’Institut Curie.

Derrière le nom de T-DM1 se cache un concept « assez génial » qui consiste à coupler l’Herceptin®, un anticorps ciblant spécifiquement le récepteur HER2, et ayant déjà fait ses preuves, à une molécule cytotoxique, délivrant ainsi une chimiothérapie « in situ ».

Cet essai de phase 3 a impliqué plus de 1000 patientes. L’Institut Curie en a été un des centres référents avec le Dr. Véronique Diéras, chef du Département de Recherche Clinique et membre du comité de pilotage de l’essai. EMILIA a consisté à comparer l’effet d’une administration du T-DM1 à celle d’une chimiothérapie de référence orale associant le Xéloda® et le Tyverb® (un traitement oral anti-HER2). « Le TDM1 améliore très nettement le taux de réponse, de survie sans progression et de survie globale – plus de 20% – avec une toxicité minime, ce qui est remarquable » estime le Dr. Etienne Brain, avant de rappeler qu’il ne concerne potentiellement que 15% des cancers du sein (ceux qui expriment le récepteur HER2).

De son côté, le Pr Emmanuel Mitry a fait part de résultats significatifs concernant les thérapies ciblant l’angiogénèse dans les cancers urologiques et digestifs.

Paradoxe de la médecine, des études pré-cliniques avaient montré que le blocage de l’angiogénèse, rendait la cellule plus agressive en augmentant son pouvoir métastasique. Utilisé dans le traitement du cancer du rein, le cabozantinib administré en deuxième ou troisième intention, présente l’avantage d’inhiber les récepteurs du VEGF mais aussi de c-Met – deux facteurs de croissance – dont l’augmentation de l’expression est à l’origine de cette agressivité accrue.

« Les études présentées indiquent des taux de réponse de 30 % ce qui laisse suggérer que le couplage de plusieurs molécules représente l’avenir des traitements anti-angiogéniques » souligne le Pr Emmanuel Mitry. « Cette année des études ont montré des résultats intéressants en immunothérapie » complète-t-il.

Cette voie de traitement consiste à lever les freins naturels du système immunitaire, derrière lesquels le cancer se retranche pour se développer. « L’inhibition du récepteur PD1 par une équipe de chercheurs de Baltimore – programmed death-1 – a permis de booster l’immunité de manière plus sélective puisqu’il n’est pas exprimé sur toutes les tumeurs » indique Emmanuel Mitry. Une stratégie intéressante pour limiter les effets secondaires, applicable au cancer du rein, au mélanome et au cancer pulmonaire non à petites cellules.

Source : Institut Curie