Médicament : la confiance des Français en net recul

Le Leem vient de dévoiler les résultats 2014 de son Observatoire sociétal du médicament réalisé avec Ipsos. Si la confiance des Français dans le médicament reste à un niveau élevé (75 %), elle marque un net recul cette année (- 12 points). Pour le Leem, ces résultats qui s’inscrivent dans un « sentiment général de défiance », constituent un signal d’alarme pour l’ensemble des acteurs du système de santé.

Cette baisse affecte tous les types de médicaments même si, comme les années précédentes, le niveau de confiance demeure plus élevé pour ceux qui bénéficient d’une « caution », qu’elle soit médicale, administrative ou industrielle : médicaments sur ordonnance (88 %) / sans ordonnance (66 %) ; remboursés (86 %) / non remboursés (68 %) ; marque (83 %) / génériques (66 %), avec cependant des baisses plus significatives pour les médicaments qui ne bénéficient pas d’une « caution ».

La confiance des Français est également plus élevée (85 %) dans les médicaments qu’ils prennent à titre personnel, et dont ils ont une connaissance plus « intime » : la baisse sur cette catégorie de médicaments est d’ailleurs limitée à 7 points.

Les Français ont des interrogations sur la sécurité des médicaments qui fragilisent leur niveau de confiance. Quand on les interroge sur les informations qui les intéressent le plus « personnellement » sur les médicaments, ils citent spontanément les effets secondaires (71 %) et les contre-indications (58 %). L’efficacité arrive loin derrière (15 %), preuve qu’elle n’est pas remise en cause par une majorité des Français.

Les effets secondaires concentrent à eux seuls une grande partie de l’inquiétude des Français : 47 % seulement considèrent qu’ils sont mieux maîtrisés, soit une baisse de 11 points par rapport à 2013. 23 % des Français estiment d’ailleurs que le niveau de sécurité a baissé et 76 % s’estiment mal informés sur la sécurité.

« L’accumulation des controverses sur le médicament en France depuis 2011 (particulièrement en 2013) a fini par provoquer un doute dans une partie de la population, avec des interrogations sur la capacité du système de santé à contrôler efficacement le médicament », analyse le Leem.

Vaccins: un Français sur trois n’a pas confiance

Concernant les vaccins, près d’un Français sur trois (29 %) n’a pas confiance dans les vaccins (niveau de confiance en baisse de 6 points en un an à 71 %). Les Français attribuent aux vaccins une note de 6,1 sur 10 pour la sécurité, score inférieur à celui des médicaments en général (6,4 sur 10).

Autre enseignement, d’une manière générale, 82 % des Français se déclarent mal informés sur le rapport bénéfice-risque. Dans ce contexte de questionnement sur la sécurité (effets secondaires, contre-indications), les Français font confiance, pour les informer sur le médicament : avant tout aux professionnels de santé (médecins à 94%, infirmières à 89%, pharmaciens à 87%), aux chercheurs (87%) et aux notices (84%), ensuite l’entourage (60%), les associations (56 %) et les autorités/pouvoirs publics (52%), puis les laboratoires pharmaceutiques (43 %), devant les médias (presse écrite 34%, radio 31%, TV 27%, Internet 24%).

Les laboratoires, « premiers financeurs de la recherche »

L’Observatoire 2014 révèle que les laboratoires sont clairement perçus comme les premiers financeurs de la recherche de nouveaux médicaments (pour 76 % des Français), loin devant les donations privées (38 %), l’Etat français (33 %), l’Union européenne (13 %) et les hôpitaux (3 %).

Les Français évaluent positivement la R&D du secteur : 73 % jugent qu’il y a beaucoup plus de découvertes aujourd’hui en matière de médicaments qu’il y a 20 ans et 73 % (également) que les médicaments se sont améliorés par rapport à il y a 20 ans. Ils attribuent une note de 6,5 sur 10 au dynamisme de la recherche et de 6,7 sur 10 au progrès apporté aux patients par les nouveaux médicaments.

8 Français sur 10 se disent, malgré tout, en manque d’information concernant le fonctionnement de la recherche et les innovations à venir en matière de médicaments dans les 10 prochaines années.

Un sentiment général de défiance

Selon les entreprises du médicament, le sentiment général de défiance, qui gagne la société française, affecte aussi le médicament. Antimoines, les entreprises du médicament apparaissent, en comparaison, moins éprouvées que d’autres, puisque le niveau de confiance des Français à leur égard baisse de « seulement » 5 points par rapport à 2013 (à 57 %) quand l’agro-alimentaire chute de 15 points (à 38 %), la grande distribution de 13 points (à 39 %), le bâtiment de 10 points (à 61 %) et les télécoms de 8 points (à 53 %).

Les entreprises du médicament se situent ainsi au 4ème rang des principaux secteurs dans lesquels les Français ont confiance, derrière les transports (69 %), l’automobile (65 %) et le bâtiment (61 %), mais devant les télécoms (53 %), le nucléaire (40 %), la grande distribution (39 %), l’agro-alimentaire (38 %), la banque/assurance (30 %) et le pétrole (27 %).

Repenser la politique d’information sur le médicament

« Les résultats de l’Observatoire 2014 constituent un signal d’alarme pour l’ensemble des acteurs du système de santé, car la confiance dans le médicament est une construction collective », estime le Leem. « Outre, le phénomène de défiance généralisée qui se développe dans la société française, la multiplication d’informations plus ou moins fiables et non hiérarchisées, ainsi que la confusion sur l’origine des émetteurs  ont contribué au recul de la confiance des Français constaté cette année », analyse l’organisation professionnelle.

« La défiance, si elle devait s’installer, poserait inévitablement de graves problèmes de santé publique à terme ». C’est pourquoi, le Leem « invite toutes les parties prenantes à repenser ensemble la politique d’information sur le médicament ».

Source : Leem

  Etude Ipsos auprès des Français (4ème vague) réalisée par Internet entre le 24 février et le 3 mars 2014 : échantillon de 1 017 individus âgés de 18 ans et plus, représentatifs de la population nationale.