Médicaments : les franchises ont peu modifié les comportements d’achats

Selon une étude de l’Institut de recherche et documentation en santé (Irdes) publiée mardi, la franchise médicale introduite en 2008 pour pousser les patients à réguler leur consommation de médicaments n’a eu qu’une efficacité limitée : seuls 12% d’entre eux déclarent avoir modifié leur comportement, surtout parmi les plus modestes.

Les franchises de 0,5 € sur les boîtes de médicaments, mises en place le 1er janvier 2008, avaient notamment pour objectif d’inciter les individus à réguler leur consommation de médicaments. Néanmoins, la somme prélevée par boîte étant la même quels que soient la nature du médicament, le niveau de ressources et l’état de santé des individus, cette charge financière pèse plus fortement sur les individus malades ou à faibles revenus et peut les contraindre à renoncer à des soins utiles. Afin d’apporter un premier éclairage sur ces hypothèses, une analyse a été menée à partir de données déclaratives de l’Enquête santé protection sociale (ESPS) 2008.

 12 % des enquêtés déclarent avoir modifié leurs achats de médicaments suite à la mise en place des franchises. Ce comportement est influencé par le niveau de revenu et l’état de santé : la probabilité de déclarer avoir modifié ses achats est de 7 points plus élevée chez les individus gagnant moins de 870 € par mois, comparés à ceux gagnant plus de 1 167 € par mois, soit un quasi-doublement de cette probabilité. Elle est plus élevée de 2 points chez les individus souffrant d’une pathologie chronique, comparés aux autres. Une différence similaire est observée entre les individus déclarant un état de santé moyen, mauvais ou très mauvais comparés à ceux qui se déclarent en bonne santé.

Une  « efficacité limitée »
 Selon les auteurs de l’étude, l’efficacité limitée de ces franchises s’explique par leur coût (0,5 €) relativement bas pour les individus aux revenus moyens ou élevés, d’une part ; d’autre part, du fait que les individus n’ont qu’une capacité restreinte à influencer les prescriptions des médecins et à évaluer l’utilité des médicaments prescrits. Enfin les auteurs soulignent que les changements de consommations sont plus fréquents chez les individus disposant de faibles ressources et ceux en mauvaise santé. Pour ces deux populations, les franchises représentent une charge financière significative ayant pour effet une perte d’accès aux médicaments.

Consulter l’étude sur le site de l’Irdes

Source : communiqué Irdes