Médicaments remboursables: l’impact du vieillissement de la population sur les dépenses

Au moment où la France s’engage dans un débat important sur le financement des retraites, le Leem a mesuré l’effet du vieillissement de la population française sur les dépenses de médicaments à l’échelle d’une génération. Ainsi d’ici 2029, les dépenses de médicaments remboursables vendus en pharmacie devraient accuser une hausse comprise entre 7,5 et 12,5 milliards d’euros par rapport à 2004.

Les Entreprises du Médicament ont confié la réalisation d’une étude prospective au Collège des Economistes de la Santé (CES). Celui-ci a mis en place une méthode inédite avec le concours de l’INSERM pour estimer le niveau de croissance des dépenses annuelles de médicaments remboursables, vendus en officine, entre 2004 et 2029 (1).

 « D’ici 2029, quelles que soient les hypothèses de vieillissement, l’allongement de la durée de vie représentera un coût pour l’assurance maladie similaire à l’évolution de la production des richesses du pays, hors période de crise majeure. Si l’allongement de la durée de vie pose un problème pour le financement des retraites, l’étude montre clairement qu’elle n’en pose pas en matière de dépenses de médicaments », explique Christian Lajoux, Président du Leem.

Dans un premier scénario, qui prend en compte uniquement les évolutions démographiques, le vieillissement de la population se traduira par un surcroît de dépenses de médicaments de près de 9,8 milliards d’euros en 2029 par rapport à 2004, soit une croissance moyenne annuelle de 1,44%.

Dans un scénario de « vieillissement en bonne santé » (même âge de décès, mais maladie plus tardive), ce surcroît de dépenses atteint 7,5 milliards d’euros, soit une croissance de 1,14%.

Enfin, dans un scénario de « vieillissement en bonne santé et de progrès médical » (la maladie et le décès surviennent plus tard), le surcroît de dépenses atteint 12,5 milliards d’euros, soit une croissance moyenne annuelle de 1,77%.

Cependant, les auteurs de l’étude précisent que d’autres facteurs peuvent jouer : virage thérapeutique vers le médicament (substitution à la chirurgie ou à d’autres actions thérapeutiques, innovations dans les molécules disponibles) ; modification des prix relatifs ; intensification de la demande de santé (raisons culturelles). « Les comportements de recours aux soins seront aussi dictés par les niveaux de remboursements des médicaments et par la part prise en charge par les assurances complémentaires santé », indiquent-ils.

1 Etude « Simuler les dépenses de médicaments remboursables en ville à l’horizon 2029 : impact du vieillissement et de la morbidité ». Auteurs: Bruno Ventelou (Chercheur au CNRS), Thomas Barnay (Maître de conférence, Université Paris-Est Créteil), Sophie Thiebaut (Doctorante à l’INSERM).  

Source : Leem