Hépatite C : Médecins du Monde conteste le brevet de Gilead sur le sofosbuvir

Médecins du Monde (MdM) a annoncé mardi 10 février le dépôt d’une opposition au brevet sur le sofosbuvir, le médicament  contre l’hépatite C du laboratoire américain Gilead, auprès de l’Office Européen des Brevets. L’association souhaite également ouvrir un débat public en France sur le mode de fixation du prix des médicaments et son impact sur le système de santé.

L’ONG médicale indique dans un communiqué, qu’avec d’autres associations, elle alerte depuis de nombreux mois « sur les problèmes posés par le prix des nouveaux traitements contre l’hépatite C et particulièrement du sofosbuvir dont le laboratoire Gilead détient le monopole ». « Ce dernier commercialise 12 semaines de traitement de sofosbuvir à des prix exorbitants, qui entravent l’accès de nombreux patients à ce médicament : 41 000 euros en France et 44 000 euros au Royaume-Uni. », estime ainsi Médecins du Monde.

Par ce recours juridique, Médecins du Monde souhaite contester la validité d’un brevet et favoriser, en cas de succès, « la mise en compétition avec des versions génériques qui ne coûteraient que 101 dollars pour le sofosbuvir ».

« Si l’utilisation du sofosbuvir pour traiter l’hépatite C est une avancée thérapeutique majeure, la molécule en elle-même, fruit de travaux de nombreux chercheurs publics et privés, n’est pas suffisamment innovante pour mériter un brevet », juge  l’association estimant par ailleurs que « Gilead abuse de son brevet pour exiger des prix insoutenables pour les systèmes de santé ».

« Nous défendons l’universalité de l’accès aux soins : la lutte contre les inégalités de santé passe par la préservation d’un système de santé solidaire » explique le Docteur Jean-François Corty, Directeur des Opérations France de MdM. « Même dans un pays « riche » comme la France, avec un budget « médicaments » annuel de 27 milliards d’euros, on a du mal à faire face et on voit déjà se propager des logiques arbitraires de rationnement qui excluent les patients des soins », poursuit-il.

« L’opposition au brevet a déjà été utilisée par la société civile en Inde et au Brésil pour faire annuler des brevets abusivement octroyés sur des médicaments et rendre disponibles des versions génériques », explique Olivier Maguet, membre du conseil d’administration et référent hépatite C à MdM. « Cela a permis de faire nettement diminuer les prix des traitements et de soigner les patients qui n’auraient pas pu l’être autrement » conclut-il.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’entre 130 et 150 millions d’individus sont porteurs chroniques de l’hépatite C. Au sein de l’UE entre 7.3 et 8.8 millions de personnes seraient infectées par le virus. En France, 230 000 personnes seraient porteuses chroniques de l’hépatite C.

Source : Médecins du Monde