Alain Benoît, Patrick Couvreur et José-Alain Sahel, lauréats de la médaille de l’innovation 2012 du CNRS

Le physicien Alain Benoît, le pharmacien Patrick Couvreur et le biologiste José-Alain Sahel sont les lauréats de la deuxième édition de la médaille de l’innovation du CNRS, remise le 20 juin 2012 par Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Cette prestigieuse distinction récompense des personnalités dont les recherches exceptionnelles conduisent à des innovations marquantes sur le plan technologique, thérapeutique et sociétal.

En récompensant Alain Benoît, Patrick Couvreur et José-Alain Sahel par la médaille de l’innovation, « le CNRS souhaite rendre hommage à trois scientifiques de grande renommée dont les travaux témoignent d’une vision très ouverte de la recherche et font résolument le lien entre plusieurs disciplines. Ils aboutissent à des innovations technologiques et contribuent au progrès social, » explique Alain Fuchs, président du CNRS.

Le jury 2012 se compose du directoire, des directeurs d’institut et du directeur de l’innovation et des relations avec les entreprises du CNRS, des présidents des alliances de recherche, d’un représentant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de personnalités du monde de l’entreprise et du monde de la recherche.

Trois lauréats pour cette deuxième édition

Alain Benoît, 63 ans, est directeur de recherche CNRS à l’Institut Néel (CNRS) à Grenoble. Ce spécialiste de la physique des solides à très basses températures a mis au point des précédés technologiques qui permettent de refroidir les instruments de détection utilisés dans les missions spatiales afin d’en augmenter leurs performances. Plus on se rapproche de la limite du zéro absolu (0 kelvin, soit -273,15°C), plus les instruments spatiaux sont efficaces.

Alain Benoit a mis au point un dispositif de refroidissement exceptionnel, le cryostat à dilution, que l’on retrouve désormais dans toute sorte d’instruments. La caméra HFI du satellite cosmologique Planck détient par exemple le record de froid pour un instrument spatial, avec un cryostat refroidi pendant plus de deux ans à -273,05°C. Ses inventions sont protégées par trois brevets.

 Patrick Couvreur, 62 ans, est professeur à l’Université Paris-Sud à l’Institut Galien Paris Sud (Université Paris-Sud/CNRS) à Châtenay-Malabry et titulaire de la chaire d’innovation technologique du Collège de France (2009-2010). Ce spécialiste des nanotechnologies médicales a mené des recherches qui l’ont conduit à concevoir des nouveaux systèmes d’administration et de vectorisation des médicaments.

Auteur de 450 publications de recherche et dépositaire d’une cinquantaine de brevets, il a participé à la fondation de la société BioAlliance en 1997. Celle-ci emploie aujourd’hui plus de soixante salariés et vient d’entamer la dernière phase d’essais cliniques d’un nano médicament2 pour le traitement d’un cancer du foie. Sa dernière découverte est un nouveau vecteur, le squalène, un lipide naturel et biocompatible.

L’idée n’est plus d’enfermer le principe actif dans une capsule mais de l’accrocher par une liaison chimique sur le squalène. Il pourrait ainsi devenir un moyen générique d’administrer toute sorte de médicaments, comme des antibiotiques et des anticancéreux. Patrick Couvreur a créé une nouvelle entreprise, Medsqual, pour développer ce concept.

 José-Alain Sahel, 57 ans, est professeur à l’UPMC et à l’University College London, chef de service d’ophtalmologie au Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts et à la Fondation ophtalmologique Rothschild, ainsi que directeur de l’Institut de la vision (UPMC/CNRS/Inserm) à Paris.

Spécialiste de la vision, ses travaux sur les mécanismes physiologiques et pharmacologiques de survie des cellules de la rétine l’ont conduit à avancer de nouvelles solutions thérapeutiques pour plusieurs causes de cécité. Chercheur et innovateur, tout autant que médecin, il est co-auteur de vingt-deux brevets issus de ses recherches et de plus de 250 publications.

Au cours de sa carrière, son équipe a notamment conduit le premier essai de la rétine artificielle sur l’homme en Europe et a identifié une protéine qui permet de préserver la vision centrale. Il explore aujourd’hui une nouvelle discipline : l’optogénétique. Il s’agit d’introduire dans la rétine un gène, issu d’une algue, qui stimule la production d’une protéine sensible à la lumière. Il a co-fondé plusieurs start-up, dont, en 2005, Fovea Pharmaceuticals. Cette société a pour objectif d’identifier et de modéliser des cibles cellulaires et moléculaires pour cribler des molécules déjà utilisées en médecine ou nouvelles, qui permettraient d’éviter la cécité liée à des pathologies rétiniennes sévères. Elle est devenue en 2009 la division ophtalmologique de Sanofi.

Source : CNRS