Cancer colorectal : la réaction immunitaire, un critère pronostique majeur pour les patients

Les lymphocytes CD8+ (marron) prédisent la survie des patients (atteints d'une forme précoce de cancer colorectal). La tumeur est marquée en bleu © Inserm, unité 872L’ équipe Inserm, Immunologie et cancérologie et la plate-forme d’immunologie des tumeurs de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP) ont démontré l’association entre une forte concentration de lymphocytes T cytotoxiques et mémoires au site de la tumeur et une moindre fréquence de récidive du cancer ainsi qu’une survie prolongée des malades souffrant d’une forme précoce de cancer colorectal. Leur étude est accessible sur le site du Journal of Clinical Oncology.

En France, le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent après ceux du sein et de la prostate. Chaque année on dénombre en France plus de 39 000 nouveaux cas de cancer colorectal et 17 000 décès dus à cette maladie. Dans ce contexte, tous les domaines de recherche apparaissent comme majeurs : dépistage, traitement mais aussi prédiction de l’évolution clinique des patients.

Les patients diagnostiqués à des stades précoces de la maladie (appelés stades I et II) représentent la majorité des malades atteints de cancers colorectaux. La détection de ces cancers à des stades précoces devrait encore augmenter avec le développement du dépistage organisé à partir de 50 ans. Plus la maladie est dépistée tôt (stades précoces), meilleur en est le pronostic. Cependant, 20 à 25 % des patients vont récidiver de leur cancer. Aucun marqueur performant n’existe à ce jour pour identifier ces patients à risque de récidive.

Depuis plusieurs années, l’équipe de Jérôme Galon et de Franck Pagès s’attache à comprendre l’évolution de la réponse immunitaire du patient à tous les stades d’évolution de la maladie. Leurs nouveaux travaux se sont concentrés sur les patients présentant un cancer colorectal de stade précoce (stades I et II).

D’après leur dernière étude, une forte présence de cellules immunitaires particulières, appelées lymphocytes T cytotoxiques et lymphocytes T mémoires, au site de la tumeur est un élément prédictif de l’absence de récidive du cancer et d’une survie prolongée des malades atteints d’un cancer colorectal de stade précoce. Ainsi, à peine 5 % des patients qui présentaient une forte densité de lymphocytes T cytotoxiques et lymphocytes T mémoires, ont vu leur cancer récidiver et plus de 85 % des malades ont survécu, cinq ans après la découverte du cancer. A l’inverse ces taux passent respectivement à 75 % et 27,5 % pour les patients qui avaient une faible densité de ces lymphocytes.

Leur travail pourrait permettre de mieux définir les patients à haut risque de récidive, une fois qu’ils ont été traités par chirurgie et offre des perspectives pour limiter les récidives grâce à des stratégies cherchant à stimuler la réponse immunitaire (on parle d’immunothérapie).

Ces travaux ont reçu les soutiens financiers de l’Institut National du Cancer (INCa), de l’Association pour la Recherche sur le Cancer (ARC), du cancéropôle -région Ile-de-France, de la Ville de Paris, de la commission européenne (FP7-Geninca), et de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).

Source  : Inserm

« In Situ Cytotoxic and Memory T Cells Predict Outcome in Patients with Early-Stage Colorectal Cancer »
Franck Pagès, Amos Kirilovsky, Bernhard Mlecnik, Martin Asslaber, Marie Tosolini, Gabriela Bindea, Christine Lagorce, Philippe Wind, Florence Marliot, Patrick Bruneval, Kurt Zatloukal, Zlatko Trajanoski, Anne Berger, Wolf-Herman Fridman, and Jérôme Galon