France Biotech dévoile son « Panorama des Sciences de la vie » 2010

France Biotech, l’association française des entreprises des Sciences de la vie a présenté mercredi à Lyon, lors de BioVision, les résultats de son étude « Panorama des Sciences de la vie ». Parmi les grandes tendances 2009-2010 de l’industrie : l’arrivée d’une deuxième génération de Biotech en France ; un pipeline de produits équivalent à celui de belles Pharma ; une reprise pour le financement de l’innovation par le capital risque et une année exceptionnelle pour les introductions en bourse au nombre de 7.

  « Notre étude démontre plus que jamais le dynamisme et le développement de l’industrie des sciences de la vie en France, en partie grâce aux aides mises en place par le Gouvernement. De beaux projets issus de nos entreprises sont prometteurs d’un futur de croissance pour le secteur. Cependant, France Biotech met en garde le Gouvernement sur l’impact des réformes aux aides à l’innovation décidées en Loi de Finances 2011, notamment la destruction progressive du Statut de la Jeune Entreprise Innovante qui met nombre de nos entreprises en plein développement face à un mur ! France Biotech poursuivra son action et ses engagements afin que le Gouvernement revoit sa position sur les réformes récentes», souligne André Choulika, Président de France Biotech.
 
Les grandes tendance en 2010 en France
 L’édition du panorama annonce l’arrivée d’une « deuxième génération » de sociétés de biotechnologies. 48% des entreprises exercent des activités de santé humaine ou animale. Même si cette activité reste prédominante en 2010, on constate l’émergence de nouvelles entreprises dans le domaine des énergies renouvelables, l’environnement et des équipements médicaux. Le Gouvernement encourage d’ailleurs la naissance de ce type d’entreprises avec l’appel à projet du Grand Emprunt sur les « biotechnologies et bioressources ».
 
Des sociétés réparties majoritairement dans 3 régions françaises. Les entreprises des Sciences de la vie sont présentes sur l’ensemble du territoire français mais sont majoritairement implantées en Ile de France (33%), en région Rhône-Alpes (16,6%) puis en région PACA (10,5%). En moyenne ces entreprises comptent 25 salariés contre 19 en 2009.
 
L’étude montre une bonne résistance du secteur avec une forte progression du nombre d’entreprises de plus de 10 ans (Vivalis, Integragen, Novagali…), soit un tiers du nombre total de sociétés (contre 18% l’an dernier). Par ailleurs, on note une diminution de création d’entreprise (15% en 2010 de moins de 3 ans contre 20% en 2009).
 
Les sociétés proposent un pipeline de produits plutôt encourageant face au poids de l’industrie pharmaceutique. La cancérologie et les maladies infectieuses sont les aires thérapeutiques et diagnostics les plus développées. Les efforts de R&D sont concentrés sur le développement de ces produits en santé humaine. Deux tiers des entreprises déclarent avoir au moins un produit thérapeutique en développement ou en phase de commercialisation.
 
Si les fusions acquisitions restent la chasse gardée des industriels, on note que 3 acquisitions ont été réalisées en France en 2010 par les sociétés Cellectis, Vivalis et Iris Pharma et d’autres se profilent pour 2011. Une alliance a été annoncée par Actelion et Trophos, cette dernière étant également, au plan international, parmi les sociétés les plus attendues pour son produit « Olesoxime » actuellement en phase 3. Vivalis reste la société française la plus dynamique pour ses alliances avec le secteur pharmaceutique.
 
Alors que l’année 2010 a été marquée par 12 cessions d’activités pour le secteur, il faut noter que des rapprochements entre entreprises se sont noués sans doute pour faire face à des problèmes de trésorerie. Même si l’année 2010 a été remarquable en termes de financement, il est à souligner que 33 % des entreprises rencontrent des difficultés face à la crise : 20% relatifs à la trésorerie, 27% à la levée des fonds, 7% ont dû licencier en 2010, 5% vont devoir licencier en 2011 et 4% vont mettre en place un plan de sauvegarde.
 
Le financement des entreprises
Les financements d’état
 – En 2010, 113 entreprises (sur 181 réponses) ont bénéficié du statut JEI (jeune entreprise innovante), qui confère des avantages fiscaux aux entreprises de moins de 8 ans. Ces incitations fiscales ont permis de créer 394 emplois en R&D – en moyenne 3 personnes par entreprise -, de lancer des projets qui représentent des budgets de 44 millions d’euros, et d’investir dans de l’équipement pour 2,2 millions d’euros. Ce chiffre montre bien l’impact de ce statut JEI pour renforcer les efforts de R&D des entreprises de biotechnologies. Très tôt, dès leur deuxième année d’existence, les PME demandent ce statut.
 – Suivant une enquête CIR France Biotech 2009, l’analyse, sur un effectif global de 1 227 employés, donnait les indications suivantes: les entreprises ayant bénéficié du CIR sont des entreprises de 1 à 10 personnes (27), de 11 à 30 (15) et 30 à plus (16 entreprises). Pour cet échantillon et au titre de l’année 2009, l’assiette des dépenses de R&D éligible au CIR a atteint un montant de 167 145 k avant diminution des avances remboursables pour 10 131k euros. L’effectif de R&D concerné est de 870 chercheurs. Les frais de fonctionnement engagés par les entreprises correspondent en moyenne à 280 % des dépenses de personnel relatives aux chercheurs.
 – Même si la mise en place de nouvelles initiatives publiques comme le Grand emprunt et les Fonds Innobio et Kurma Biofund ont permis de dynamiser le secteur, encore trop d’entreprises rencontrent des difficultés à se financer.
 
Le capital risque en hausse
 – 2010 a été une année de reprise exceptionnelle pour le financement de l’innovation par le Capital Risque. Après une baisse de 65% en 2009, le montant total investi par le capital risque a augmenté de 204% en 2010, passant ainsi de 65 à 197,5 millions d’euros.
 – Le montant total investi lors des phases de financement d’amorçage (7 opérations) et du premier tour (15) est lui aussi en augmentation, passant de 31 à 47,7 millions d’euros.
 – On compte 21 opérations pour les deuxièmes tours et suivants avec des montants passant de 37 à 144 millions d’euros.
 
Les sociétés cotées en bourse
 En avril 2008, a été crée l’indice boursier Next Biotech (Euronext) un outil de suivi de la performance du secteur des Sciences de la vie au niveau européen. Aujourd’hui, sur les 34 sociétés cotées de l’indice Next Biotech, 17 sont françaises (Cellectis, ExonHit Therapeutics, Genfit, GenOway,
 Hybrigenics, Innate Pharma, Ipsogen, Transgene, Vivalis, Deinove, Carmat, Ipsogen, Neovacs, IntegraGen, Novagali, AB Science et Stentys). Il faut noter que d’autres entreprises sont également cotées sur d’autres marchés : BioAlliance Pharma (Euronext), Cerep (Alternext), Flamel Technologies (Nasdaq), NicOx (Euronext).
 
Quel soutien pour l’innovation 2011 ?
 Le capital risque qui reste « LA » source de financement pour ce secteur des Sciences de la vie parviendra-t-il à subvenir aux besoins du secteur ? L’année 2010 a vu la reprise des introductions en bourse, avec 7 sociétés introduites contre 2 dans le reste de l’Europe : une année exceptionnelle pour le marché boursier qui n’avait pas vu d’introduction depuis Ipsogen en 2008.
 
Oseo
 Au total, en 2010, OSEO aura investi près de 42 millions d’euros pour 344 projets. Le poids du secteur Pharma-biotech est stable dans les montants investis en aide à l’innovation, soit 10%.
 
Oseo ISI
 En 2010, 6 projets ISI ont été financés dans le secteur Pharma-Biotech pour un montant de 58 millions d’euros, soit 45% du montant total des aides ISI.
 
Oseo et FSI
 Le programme FSI-PME, mis en place le 5 octobre 2009, et géré pour moitié par le FSI et OSEO. Les fonds créés sur l’initiative du FSI : au sein du programme FSI-France Investissement, le FSI a mis en place deux fonds Commun de Placement à Risques (FCPR) fin 2009, gérés par CDC entreprises, son opérateur sur le segment des PME non cotées, avec des partenaires.
 Le fonds InnoBio, créé fin 2009 et focalisé sur les sociétés innovantes dans les sciences de la vie. Il dispose de 139 m€ souscrits par le FSI et différents laboratoires pharmaceutiques (Sanofi-Aventis, GSK, Roche, Novartis, Pfizer, Lilly, Ipsen, Takeda et Boehringer-Ingelheim), qui a réalisé 6 investissements ( Adocia, Poxel, Art, Supersonic Imagine et DBV Technologies].
 Le fonds Kurma Biofund (CDC Entreprises et Natixis Private Equity) a une vocation européenne et dispose de 50 millions d’euros. Il a réalisé ses deux premiers investissements en 2010 (1,1 million d’euros dans Indigix (UK) et 1,2 million d’euros dans Meiogenix (France) et a depuis investi dans trois autres start-up : Sterispine, Key Neuroscience et PathoQuest.
 
Les grandes tendances à l’international
 Selon IMS Health, le marché pharmaceutique mondial devrait atteindre les 975 milliards USD en 2013. Cependant, on constate un net ralentissement de ce secteur qui a connu pendant de nombreuses années une croissance à 2 chiffres. Le principal facteur limitant : les blockbusters vont d’une part perdre la protection de leur titre de propriété intellectuelle et d’autre part vont subir la concurrence des génériques. Aujourd’hui, cette industrie doit donc faire face à la perte de ses brevets, à l’incertitude d’aboutir à la commercialisation de nouvelles molécules dont le coût de développement augmente sans cesse et aux autorités sanitaires qui renforcent leurs exigences réglementaires pour les nouveaux médicaments arrivant sur le marché. En panne d’innovation, ce sont les sciences de la vie qui développent près de 70% des médicaments innovants, le modèle « Big Pharma » ayant vécu au bénéfice d’accords de partenariats, de licences ou de rachats.
 
Le chiffre d’affaires mondial généré en 2009 par les entreprises de Sciences de la vie cotées en Bourse a frôlé les 90 milliards USD, soit une progression de 12% par rapport à 2007, cependant, les situations sont différentes selon les zones considérées. Les Etats-Unis conservent à l’heure actuelle leur leadership avec 74% du marché mondial.
 Viennent ensuite l’Europe avec 18% et l’Asie/Pacifique avec 5,5%. Avec un nombre d’entreprises sensiblement identique mais des dépenses R&D 5 fois supérieures et 2 fois plus d’employés, les entreprises américaines ont encore aujourd’hui une maturité supérieure aux européennes. On constate d’ailleurs que 6 des 10 plus grosses entreprises, en termes de chiffre d’affaires 2009, sont américaines. Vient s’intercaler en 2009, la plus grosse société de Sciences de la vie australienne, CSL Limited, et en 2009 une entreprise européenne, Actelion (Suisse).
 
Pour la première fois de son histoire, le secteur a atteint en 2009 son seuil de rentabilité aux Etats-Unis avec un bénéfice net de 417 millions USD1et de 370 millions USD en 2008. Si ce chiffre reste fortement influencé par les géants du secteur américain, il est un signal plus qu’encourageant pour toute l’industrie.
 
Bien que moins matures que le secteur américain, les sociétés européennes cotées en bourse ont vu leurs revenus croître de 26%. Quelques sociétés européennes arrivent aujourd’hui à un stade de maturité qui permet d’entraîner le secteur derrière elles. En 2009, en Europe le bénéfice net est de – 288 milliards USD contre – 913 milliards USD en 2008.
 
Enfin, la zone Asie/Pacifique a fait son entrée sur ce secteur depuis quelques années, entrainée par l’Australie. Grâce à sa plus grosse entreprise de Sciences de la vie, CSL Limited, l’Australie a permis au secteur d’avoir une croissance de 25% en 2008. Même si elles ne percent pas encore de manière incontestée, la Chine et l’Inde sont à la porte d’entrée du marché avec suffisamment d’atouts pour s’inviter dans la mondialisation du secteur.
 
Financement
 Si en 2007, 326 entreprises ont été financées par le capital risque pour un montant total de 6,8 milliards USD, leur nombre a baissé successivement de 7% en 2008 et 8% en 2009 (-14% sur 2 ans) et a augmenté de 5% en 2010 pour atteindre les chiffres de 318 entreprises financées par le capital risque en 2010 pour un montant de 5,4 milliards USD.
 
Introductions en bourse
 Les Etats-Unis se sont démarqués par rapport au reste du monde avec 18 IPO en 2010 pour 1 283 millions USD levés. En Europe, les 230 millions USD levés par les 9 IPOs européennes dont 7 en France (Neovacs, Deinove, AB Science, IntegraGen, Stentys, Carmat, Novagali Pharma) et 1 IPO au Danemark (Zealand Pharma) qui a levé le montant le plus important en Europe avec 68 millions USD. Au cours de l’année 2010, la zone Asie/Pacifique a réalisé 4 IPO avec 98 millions USD levés, une de plus par rapport à l’année 2009 (3 IPO avec 65 millions USD levés).
 Les deux entreprises françaises ayant réalisé les plus importantes des IPOs en 2010 sont Stentys (22.7 millions d’euros levés) et Novagali Pharma (22 millions d’euros), ce qui les place respectivement à la 17e et 19e position des 20 IPOs mondiales réalisées au cours de l’année 2010.
 
Fusions et acquisitions
 2010 s’avère être une excellente année pour les fusions et acquisitions : 80 opérations pour un montant de 67,3 milliards de dollars. Pour la première fois, l’Europe arrive en tête avec Novartis qui a réalisé 5 acquisitions, dont la plus belle avec Alcon (41 200 m $), et Sanofi aventis qui est en tête par le nombre. Pour la première fois, aucune acquisition de plus 1 m de $ n’a été réalisée par une entreprise américaine.
 
Les alliances

 Le secteur des alliances ne s’est jamais aussi bien porté que pendant ces 2 dernières années de crise. Leur nombre a presque doublé entre 2005 et 2009 et le montant annuel cumulé a progressé de 157% pour atteindre un peu plus de 41 milliards USD.
 
Source : France Biotech