Industrie du médicament : quelle attractivité pour la France ?

Le Leem a demandé, en 2009, à AEC Partners de conduire une enquête, la première en France, auprès des grands groupes industriels du médicament afin de mesurer l’attractivité de la France sur le secteur pharmaceutique. Pour cela, 73 dirigeants internationaux d’entreprises du médicament sur plusieurs continents ont été questionnés sur  leur perception de la France comme destination d’investissements. Les dirigeants interrogés appartenaient à 19 laboratoires majeurs, représentant plus des deux tiers du marché français.

Les dirigeants internationaux des entreprises du médicament jugent-ils la France attractive pour leurs investissements ? Sur quels critères ? Quelles mesures concrètes permettront à la France de se réindustrialiser et de rester un grand pays du médicament dans les dix ans à venir ? L’enquête dresse un « tableau encourageant », estime le Leem.
1er enseignement de l’enquête, la France reste un marché en restructuration relativement attractif et lisible. Elle est, par sa taille, l’un des 2 grands marchés européens et le 4e marché mondial après les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne. Mais à l’instar des pays de l’ouest, elle est prise en tenaille entre deux forces géoéconomiques très attractives : les Etats-Unis et les pays émergents.

2e enseignement
, la France bénéficie dune tradition industrielle de grande qualité, qui fait cependant l’objet d’une perception contrastée de l’environnement social et qui doit prendre le virage des nouvelles technologies. En effet, la position de pays leader pour la production et l’exportation de médicaments en Europe, voire même au niveau mondial, s’explique par l’environnement industriel français : qualité des ingénieurs et des techniciens, très bonne infrastructure de transports et de télécommunications, tradition industrielle forte dans le domaine du médicament, qualité du système de distribution des médicaments. Mais l’environnement social est perçu de façon nettement moins positive, en particulier en raison de trois facteurs : l’organisation du temps de travail, les mouvements sociaux, notamment dans les transports et la fonction publique,
Cette perception est cependant nuancée par les industriels qui ont une connaissance plus intime de la France, qui pointent le décalage entre cette vision et la réalité. Ces derniers soulignent notamment la bonne productivité de la main d’oeuvre en France et les réformes effectuées, et notent que d’autres pays connaissent également un environnement de travail complexe et contraignant.

3e enseignement : Un environnement de la R&D académique très performant, au potentiel sous exploité, où la coopération et les partenariats s’imposent. La France dispose d’atouts importants pour être un acteur mondial performant en R&D : force de frappe de la recherche publique dans le domaine biomédical, excellence dans les domaines de l’ingénierie, des mathématiques, de la physique, qualité du système de santé et niveau de compétence des cliniciens, leaders d’opinions de réputation internationale dans plusieurs domaines thérapeutiques.  Mais la France, selon la perception des dirigeants internationaux, et contrairement à d’autres pays, n’arrive pas suffisamment à transformer ses atouts en avantage compétitif, faute de politique d’investissements forte dans la recherche dans les sciences de la vie et en raison de l’éclatement de la recherche publique, de la relative dispersion des investissements publics et de l’insuffisance de partenariats public-privé.

 4e enseignement : La perception positive d’un environnement politique qui s’est inscrit dans le dialogue et la concertation. La France se distingue du reste de l’Europe par une volonté politique affichée de considérer les industries de santé comme un secteur stratégique, avec un ensemble de mesures et d’initiatives concrètes depuis 3 ans : CSIS, rencontres R&D Dating, Etats Généraux de l’Industrie, Grand Emprunt, mise en place d’AVIESAN (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé) en 2009, réforme du Crédit Impôt Recherche en 2008. Cette évolution structurelle est clairement perçue par les décideurs économiques.

« L’attractivité ne se découpe pas », souligne Christian Lajoux, Président du Leem. « La France est un grand pays des sciences du vivant, un grand pays du médicament. Elle est l’un des tout premiers exportateurs européens de médicaments, depuis des années, avec un excédent commercial de près de 7 milliards d’euros en 2009, ce qui en fait le 4ème contributeur de la balance française des paiements. L’industrie du médicament est en pleine mutation : ses produits, ses méthodes de recherche, l’organisation des entreprises, sa géographie. Pour réussir cette mutation, la France doit transformer ses atouts en avantages compétitifs et notamment maintenir la lisibilité et la visibilité de la régulation du marché. Les Pouvoirs Publics l’ont compris ; l’industrie doit, pour sa part, tenir ses engagements et permettre à ce secteur d’en conforter son caractère stratégique au même titre que l’énergie, les transports ou la maîtrise de l’espace. Ma conviction est que nous avons le devoir de maintenir notre rang mondial et de le faire fructifier. »

Les auteurs de l’étude insistent sur trois conditions nécessaires pour améliorer l’efficacité de la recherche en France dans le domaine de la santé :
– réduire le décalage entre réalité et perception du contexte français pour mieux valoriser l’attractivité de notre pays;
– ouvrir le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes de l’environnement français, afin de développer une convergence d’intérêts, une cohérence des politiques et des approches solidaires ;
– poursuivre les réformes d’organisation de la recherche et mettre en oeuvre une politique volontariste et ambitieuse de promotion

Source : Leem

Rapport Attractivité et compétiitivité de la France – AEC Patnters (pdf , 1,65 MB)
Synthèse AEC Partners (pdf , 438,11 kB)