L’Autorité de la concurrence favorable à la vente de médicaments en grande surface

Dans un avis rendu public jeudi, l’Autorité de la concurrence a appelé « de ses vœux une animation de la concurrence sur l’ensemble de la chaine de distribution » et s’est prononcée en faveur d’une ouverture encadrée de la distribution au détail des médicaments non remboursables.

En février 2013, l’Autorité de la concurrence a lancé une vaste enquête sectorielle afin d’examiner la distribution en ville du médicament à usage humain. Après plusieurs mois de consultation avec l’ensemble des parties prenantes, elle rend public aujourd’hui un avis dans lequel elle formule un certain nombre d’observations et de propositions.

« Loin d’appeler à une refonte totale de la distribution du médicament en ville, qui pourrait être nuisible à la politique de santé publique », l’Autorité de la concurrence, appelle » de ses vœux une adaptation progressive et limitée du secteur aux nouveaux modes de commercialisation et aux attentes des consommateurs en matière de prix et de services ».

Une ouverture limitée et encadrée de la distribution du médicament en ville

L’Autorité de la concurrence constate dans son avis que l’intensité de la concurrence entre officines est relativement faible comme en témoignent les très forts écarts de prix (de 1 à 4) relevés sur les médicaments non remboursables. « Cette situation est défavorable aux consommateurs, et ce d’autant plus qu’elle s’accompagne d’un manque d’information et de publicité sur les prix, qui les empêchent d’établir des comparaisons », estime-t-elle.

Ainsi, l’Autorité de la concurrence demeure favorable, à l’issue de sa consultation publique, à la vente des  médicaments d’automédication et de certains produits « frontières » (comme par exemple les tests de grossesse, produits d’entretien pour lentilles de contact) en parapharmacie ou en grandes surfaces, en plus des pharmacies. L’autorité se dit ainsi « convaincue, notamment au regard d’exemples étrangers, que ces formes de commerce, qui ont des capacités de négociation très fortes avec les fournisseurs, pourront offrir des avantages aux consommateurs en termes de services ou de prix ».

Elle souligne cependant qu’il « convient d’encadrer la commercialisation par des règles strictes, qui garantissent la qualité et la sécurité de la vente du médicament, et notamment la présence d’un pharmacien diplômé, la création d’un espace de vente dédié et l’obligation de délivrance d’un conseil ». Des mesures, qui selon elle, « permettront de garantir que les médicaments ne seront pas banalisés dans les nouveaux points de vente ».

Limiter les restrictions réglementaires au développement du commerce en ligne

Selon l’autorité, cette ouverture de la distribution limitée et encadrée du médicament doit s’inscrire dans « un contexte de raffermissement du rôle du pharmacien dans le dispositif de santé et de consolidation de ses sources de revenus » et lui donner par ailleurs les moyens d’être dynamique et compétitif sur le segment de l’automédication ».

L’Autorité de la concurrence indique ainsi soutenir la vente en ligne de médicaments d’automédication dans le cadre sécurisé offert par la loi. « Cette nouvelle forme de commercialisation, qui constitue un vecteur de concurrence dans le secteur, est en effet de nature à améliorer le service de distribution et de générer des baisses de prix », estime-t-elle. « Dans la mesure où la loi prévoit que seuls les pharmaciens d’officine peuvent recourir au commerce en ligne de médicaments, ces derniers doivent se saisir de cet instrument nouveau pour dynamiser leur activité professionnelle », indique-elle estimant par ailleurs « nécessaire de limiter autant que faire se peut les restrictions réglementaires au développement du commerce en ligne ».

Consulter l’avis de l’Autorité de la concurrence