Ministère de la Santé : Xavier Bertrand, le retour

Comme c’était prévisible, c’est donc Xavier Bertrand, qui vient de quitter la présidence de l’UMP, qui hérite du portefeuille de la Santé au sein d’un grand ministère du Travail et de l’Emploi. Pour l’heure, il sera assisté de Nora Berra, médecin, qui sera spécialement chargée de la Santé.

Bertrand, le retour. Voilà qui devrait plaire aux médecins de ville (moins aux industriels du secteur…) : la puissante CSMF (Confédération des syndicats médicaux français) l’avait d’ailleurs invité à son université d’été au lieu et place de Roselyne Bachelot, alors ministre en titre, brouillée avec les médecins à la suite (entre autres) de l’affaire des « vaccinodromes ».  Ce retour de Xavier Bertrand est un signe politique fort en direction des médecins, plutôt  en froid avec la droite. Le pouvoir ne veut pas laisser échapper ce corps électoral, certes difficile , mais suffisamment « familial » pour mériter quelques efforts. C’est d’ailleurs le même scénario qui se joue avec les agriculteurs… Bertrand avait commencé comme secrétaire d’Etat à la Santé sous la férule de Philippe Douste-Blazy en mars 2004 dans le gouvernement Raffarin. Gros travailleur, plutôt « rond » dans la négociation, il hérite du portefeuille en mai 2005 après le départ de Philippe Douste-Blazy pour le Quai d’Orsay. C’est donc lui qui mettre en musique –avec succès- les principaux points de la réforme de 2004 : parcours de soins, médecin traitant et… DMP.
S’il hérite donc de la Santé, c’est sa secrétaire d’Etat , Nora Berra, médecin, jusqu’alors secrétaire d’Etat d’Eric Woerth, chargée des personnes âgées, qui va faire le gros du job : révision des lois bioéthiques, DMP (le monstre du Loch Ness), FMC obligatoire (autre serpent de mer), et bien sûr relance des négociations conventionnelles avec les médecins libéraux (courage…). Bref, une kyrielle de dossiers en panne depuis des lustres, sans compter l’épineuse question des dépenses de santé et, cerise sur le gâteau, l’application de la très controversée loi HPST (loi Bachelot) très critiquée par les médecins de ville qui la jugent vexatoire.  En partant, Roselyne Bachelot laisse beaucoup de vaisselle cassée : les praticiens hospitaliers n’étaient pas mieux disposés à son égard…
Donnée partante, Roselyne Bachelot s’en sort avec les honneurs. Soyons franc, pour deux  raisons. 1) Elle n’a pas démérité, même si la gestion de la grippe A/H1N1 a fait grincer bien des dents. 2) Elle est très proche de François Fillon à qui désormais Nicolas Sarkozy ne peut plus refuser grand chose : Roselyne Bachelot hérite donc d’un ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, un intitulé un peu chichiteux qui regroupe la Famille et la Dépendance, prochain chantier social du nouveau gouvernement avec, au programme, la création d’une contribution spécifique pour abonder un fonds de financement dédié au grand âge.
Pour finir, le monde de la santé attend désormais de savoir si le jeu des chaises musicales annoncé sera ou non validé : Didier Houssin (DGS) attendu à la HAS en remplacement de Laurent Degos. Autre départ attendu, celui de Noël Renaudin jusqu’alors patron du CEPS. A suivre…

Hervé Karleskind