Officines : la vente libre en hausse de 3,1% dans un marché global en déclin

Selon les données d’IMS Health France, le marché global de l’officine est en décroissance, alors que les médicaments et les produits en vente libre affichent une dynamique positive à 3,1 % sur douze mois. Les médicaments OTC et les produits sans AMM contribuent à cette croissance. Les segments de la dermo-­cosmétique et des compléments alimentaires se renforcent notamment en parapharmacie, avec un poids élevé des nouveautés, qui comptent pour près d’un tiers du marché.

L’analyse d’IMS Health France repose sur douze mois d’étude du marché, arrêtée à mars 2013. « De façon globale, le marché de l’officine française (35 milliards d’euros) est en déclin, observe Pascal Voisin, Directeur OTC IMS Health France. Une tendance à -‐2 % qui confirme celle de 2012. Mais dans ce marché global en déclin, le marché de la vente libre confirme une dynamique observée depuis plusieurs mois, avec une progression de 3,1 %. » Alors que 84 % du chiffre d’affaires des officines repose sur les médicaments avec AMM, ce segment est en baisse de 2,6 % sur la période considérée. Mais seulement 69 % de ce CA est composé de médicaments à prescription médicale obligatoire (PMO, en baisse de 3,6 %), contre 15% qui sont des médicaments OTC (prescription médicale facultative -­ en hausse de 2 %). Quant au segment des produits sans AMM, qui compte pour 16 % du CA des officines, il est en croissance de 3,8 %.

L’OTC, en hausse de 2 %, profite en partie des déremboursements
« La baisse des ventes de médicaments avec AMM touche l’essentiel de l’économie officinale, note Pascal Voisin. Elle est liée à la pénétration des génériques et à une certaine pression des autorités de santé sur les prescriptions et les prix. A côté de cela, la dynamique est forte sur l’OTC, à 2 %, en partie du fait de déremboursements mais pas seulement. Il y a un effet conjoncturel qui amène les pharmacies à développer d’autres activités. L’OTC ou les produits sans AMM représentent une opportunité économique pour le pharmacien et une possibilité de venir compenser en partie les pertes sur le médicament de PMO. Ces impacts se font sentir en termes d’organisation des officines, de promotion sur le lieu de vente, de conseil, etc. »

L’impact des pathologies reste fort sur le marché OTC

Quasiment toutes les classes thérapeutiques tirent le marché et contribuent à la dynamique du marché OTC, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons. On observe, d’abord, un impact des pathologies elles-­‐mêmes. « Nous avons eu début 2013 une pathologie hivernale assez forte, ce qui se traduit sur les deux premières familles de produits : voies respiratoires (+7,5 %) et antalgiques (+8,6 %), souligne Pascal Voisin. De même, l’épidémie de gastro-­‐entérite est responsable d’une hausse de 3,7 % des médicaments pour les voies digestives. » « Mesurer et appréhender les enjeux de la Santé » En revanche, la hausse de 11,3 % constatée sur les produits destinés à la circulation veineuse est due au déremboursement des médicaments veinotoniques, intervenu en 2012.

Seulement 8 % du marché OTC composé de nouveautés

La croissance du marché reste portée par les marques, et l’on observe un poids limité des nouveauté -­‐ produits lancés depuis moins de trois ans (y compris nouvelles formes et présentations) – sur le marché OTC. « Contrairement aux marchés de la dermo-­cosmétique ou des compléments alimentaires, le poids des nouveautés est assez faible sur le marché OTC, avec 8 % du marché composé de produits récents, observe Pascal Voisin. On note également un phénomène d’érosion puisque les produits lancés en 2010 stagnent à 2,8 % et ceux lancés en 2011 représentent 4,1 % du marché en 2012. Ainsi, ces nouveautés font vivre le marché mais pèsent peu par comparaison avec d’autres marchés où l’on relève des tendances de 25 à 30 %. En effet, les segments des compléments alimentaires et de la dermo-­cosmétique se rapprochent davantage de la grande consommation et sont moins réglementés. »

Face à la vague de déremboursements : impacts et bilan

Plusieurs déremboursements de médicaments sont intervenus en 2012 et d’autres sont prévus en 2013. « La relative nouveauté est que ces déremboursements sont de natures multiples, relève Claude Le Pen, Professeur d’économie à l’Université Paris-­‐Dauphine et consultant IMS Health France. Certains déremboursements concernent une classe entière de produits, comme pour les veinotoniques en 2008. Les plus récents ont concerné les vasodilatateurs périphériques en 2012 et nous allons vers le déremboursement des anti-­‐arthrosiques d’action lente. Une deuxième catégorie concerne des déremboursements produit par produit, pour des raisons de service médical rendu insuffisant. Quelques produits ont été ciblés en 2013, par exemple dans le traitement des bouffées de chaleur de la ménopause (Abufène®) ou du syndrome des jambes sans repos (Adartel®). Un troisième type de déremboursement, plus « original », peut intervenir pour des raisons de sécurité sanitaire. C’est l’exemple récent des pilules de 3e génération, pourtant à la limite de cette approche, puisqu’en principe le rapport bénéfices/risques relève de l’AMM et non du remboursement. Ce critère de sécurité sanitaire est désormais pris en compte. »

L’exemple du Tanakan® : plus d’unités vendues en automédication

Un certain nombre de médicaments déremboursés vont alimenter le marché OTC en faisant l’objet d’un « switch ». « Mais une partie des déremboursements n’alimente pas le marché OTC, comme les pilules de 3e génération ou le traitement des jambes sans repos, qui sont des médicaments de prescription. Il n’y a donc pas de « switch » automatique du déremboursement à l’automédication », note Claude Le Pen. Sur le marché de l’automédication, l’exemple le plus intéressant est fourni par le médicament vasodilatateur Tanakan®. « Les ventes du médicament ont chuté de près de 50 % mais la part de marché en automédication a augmenté de 38 %, de sorte que l’on vend aujourd’hui plus d’unités en automédication que lorsqu’il était prescrit et remboursé, observe Claude Le Pen. Mais si l’on regarde la classe entière, on s’aperçoit que le taux d’automédication varie de façon très importante entre les produits, selon l’image, le positionnement et la stratégie choisie par le fabricant. »

Pas de stratégie type des laboratoires face aux déremboursements

Autre cas de figure avec le Vastarel®, un médicament contre l’angine de poitrine déremboursé début 2012. « Ce médicament était très « génériqué » et le déremboursement de la classe a conduit à faire baisser davantage la part des génériques que celle du médicament princeps, souligne Claude Le Pen. Le déremboursement est, dans ce cas, défavorable aux génériques qui perdent environ 10 points de part de marché, bien que ce soit un produit de prescription, et ce vraisemblablement en raison d’un effet de notoriété de la marque. » Ainsi, il n’existe pas une stratégie type des laboratoires pharmaceutiques face à ces déremboursements. « Le placement des produits avant le déremboursement n’est pas forcément le même qu’après, et l’on observe une grande variété de comportements, conclut Claude Le Pen. Un modèle de référence reste le Tanakan® dans le sens où le déremboursement a conduit à renforcer la marque. Mais cela n’est possible que si le laboratoire décide de promouvoir son produit « switché » sur le marché OTC. »

Analyse transversale des différents segments du marché de la vente libre

La dermo-­‐cosmétique et les compléments alimentaires sont aujourd’hui des marchés dynamiques, bien que le second ait beaucoup souffert au cours des dernières années. « En dermo-­‐cosmétique, les dynamiques sont fortes tant sur les circuits pharmacie que parapharmacie, avec une hausse en unités de 2,7 % dans le premier cas et 2,5 % pour le second. » Le marché de la dermo‐cosmétique, dont la pharmacie capte les deux tiers, se distingue nettement du marché OTC avec un poids des nouveautés qui représentent plus de 30 % du marché en 2012, encore plus marqué en parapharmacie (33,6 %) qu’en officine (29,6 %). « C’est l’une des caractéristiques de ce marché, qui vit beaucoup par les nouveautés, poursuit Pascal Voisin. Il faut une dynamique de lancements, de nouveautés à trois ou six mois pour rester un acteur du marché. » Compléments alimentaires : prime au positionnement « santé » Sur le marché des compléments alimentaires, la dynamique est retrouvée et largement portée par la pharmacie à plus de 85 %. « En parapharmacie, le marché des compléments alimentaires est plus orienté Beauté que Santé, explique Pascal Voisin. Or, le segment Beauté (peau, solaire, cheveux) est celui qui souffre le plus. Les produits dont le positionnement Santé est plus marqué ont une dynamique plus forte et ils sont moins représentés en parapharmacie, même si elles y viennent peu à peu. » Le poids relatif de la parapharmacie reste fort sur les quatre premiers segments (solaires, peau, chevaux-­‐phanères, minceur) -­ jusqu’à 29 % de parts de marché sur les solaires ­‐, mais ces quatre segments restent les moins dynamiques. « La part de marché de la parapharmacie augmente sur des produits plus orienté Santé, à plus de 10 %, contre 3 ou 4 % l’an dernier, relève Pascal Voisin. Ainsi, le marché du complément alimentaire en parapharmacie est en train de se « médicaliser », avec notamment une croissance forte sur les produits « stress et sédatifs », à 17,1 %. » D’autres catégories de produits en légère baisse compensent des croissances très fortes observées ces dernières années (ophtalmologie, défense immunitaire).

Un poids des nouveautés important, plus marqué en parapharmacie

Le poids des nouveautés en compléments alimentaires est très fort avec près de 30 % du marché en 2012. Il est plus marqué en parapharmacie sur les compléments alimentaires (38%) que sur la dermo-­cosmétique (33,6 %) et reste stable en pharmacie sur les deux segments, à 29 %. « Ces observations permettent de répondre à des interrogations légitimes, conclut Pascal Voisin. La dynamique est-­‐elle liée aux déremboursements, aux baisses de prix ? Il s’avère avec du recul que ces éléments sont certes constitutifs de cette dynamique mais ce ne sont pas les seuls facteurs. Il s’agit d’un phénomène de fond qui touche également les produits présents depuis longtemps sur le marché et qui se traduit par une hausse du chiffre d’affaire mais aussi des unités vendues. C’est là le fruit des efforts des officines, des parapharmacies et des acteurs du marché impliqués dans la promotion et la vie des produits. »

Source : communiqué IMS Health