Traitement de l’asthme : découverte d’une nouvelle cible thérapeutique

Des chercheurs de l’Inserm au sein de l’Unité 924 « Immunologie des maladies infectieuses allergiques et auto-immunes » à l’Université de Nice, ont étudié de près les poumons de souris asthmatiques pour comprendre leur particularité. Ils ont découvert une molécule (CX3CR1) dont le rôle est déterminant dans le développement de l’asthme. Les résultats de ces travaux paraissent en ligne dans la revue Nature Medicine datée du 1er novembre 2010.

L’asthme allergique est une maladie chronique qui touche les voies aériennes supérieures et affecte plus de 300 millions d’individus dans le monde dont 1 million en France. Alors que cette pathologie était quasiment inexistante à la fin du 19ème siècle, la prévalence mais aussi la sévérité de l’asthme se sont fortement accrues au cours des dernières années. Sa recrudescence représente un coût économique important d’autant que son traitement reste purement symptomatique.

Chez les patients asthmatiques, des cellules du système immunitaire appelées lymphocytes T quittent la circulation sanguine, migrent dans les tissus pulmonaires et produisent des substances à l’origine de l’état inflammatoire et des symptômes cliniques. Toutefois, les mécanismes à l’origine de leur recrutement et surtout de leur survie dans les poumons restaient inconnus.
Les chercheurs de l’Inserm ont montré que les lymphocytes T présents dans les poumons expriment à leur surface une protéine particulière appelée CX3CR1. En étudiant des souris mutantes qui n’expriment pas cette molécule, ils ont montré que celle-ci jouait un rôle déterminant dans le développement de l’asthme en prolongeant la survie des lymphocytes T qui infiltrent les poumons.

Ces travaux démontrent non seulement que CX3CR1 joue un rôle dans l’apparition de l’asthme, mais également que cette molécule agit, non pas pour permettre la migration des lymphocytes T dans les poumons, mais pour augmenter leur survie. Ce résultat pourrait avoir des retombées importantes dans le domaine médical car il suggère que des médicaments capables de bloquer CX3CR1 pourraient entraîner la mort des cellules T qui infiltrent les voies respiratoires et qui sont à l’origine de la maladie. « De même que les autres traitements utilisés par les patients asthmatiques, ces médicaments pourraient être administrés localement sous forme d’aérosols à des patients allergiques. » concluent les auteurs de cette étude.

 Nom de code : CX3CR1
CX3CR1 est le récepteur de la molécule CX3CL1 qui fait partie de la famille des chimiokines. Les chimiokines sont de petites molécules solubles dont la sécrétion favorise l’arrivée de cellules de « défense » au niveau d’un site infectieux. Comme les autres récepteurs des chimiokines, CX3CR1 émet un signal en présence de CXCL1 qui provoque la migration des monocytes jusqu’au site « d’agression » et la libération des chimiokines capables de lutter contre l’agent pathogène.

 Source : Inserm
CX3CR1 is required for airway inflammation by promoting T helper cell survival and maintenance in inflamed lung
Accès direct à l’article original dans Nature Medicine