Un dérivé du BCG, piste prometteuse pour traiter les maladies inflammatoires chroniques intestinales

Grâce à l’utilisation d’une préparation de BCG provenant de la souche vaccinale, des chercheurs de la start-up Immunotherapix et de l’Institut Pasteur ont réussi à prévenir et à traiter des inflammations aiguës et chroniques du côlon dans plusieurs modèles expérimentaux de maladies inflammatoires intestinales. La préparation employée n’affecte pas l’efficacité du système immunitaire et n’induit pas d’effet secondaire. Ces résultats, publiés dans la revue Gastroenterology, permet tent d’envisager la mise au point de traitements prometteurs, alternatifs ou complémentaires des anti -inflammatoires ou immunosuppresseurs utilisés actuellement.

Les maladies inflammatoires chroniques intestinales, souvent conséquences d’une réponse excessive du système immunitaire, touchent environ 200 000 personnes en France. Certaines de ces pathologies, comme la maladie de Crohn, sont particulièrement invalidantes (douleurs abdominales intenses, diarrhées et fatigue…). Ces maladies chroniques nécessitent des traitements de longue durée dont l’efficacité est variable et les effets secondaires marqués (affaiblissement du système immunitaire, prise de poids, insomnie…). En conséquence, ces traitements affectent grandement la qualité de vie des patients.

L’équipe de Gilles Marchal, directeur de la start-up Immunotherapix, en collaboration avec plusieurs unités de recherche de l’Institut Pasteur, a développé un traitement capable de contrôler diverses inflammations du côlon chez l’animal. Celui-ci repose sur l’utilisation d’une souche vaccinale de BCG traitée par déshydratation. Contrairement aux traitements classiques, il est très bien toléré, n’entraîne pas ou très peu d’effets secondaires et ne diminue pas les défenses naturelles de l’organisme. Les chercheurs ont évalué l’efficacité de leur traitement sur trois modèles expérimentaux d’inflammation du côlon : un modèle d’inflammation aiguë, et deux modèles d’inflammation chronique. Dans le modèle d’inflammation aiguë ainsi que dans un premier modèle d’inflammation chronique, le traitement réduit significativement l’inflammation et ses symptômes dans tous les cas étudiés, qu’il soit administré avant ou après la survenue des troubles. Dans un second modèle d’inflammation chronique, les chercheurs ont observé un effet curatif et préventif. En effet, dans ce modèle, le traitement de la première poussée d’inflammation intestinale empêche le développement de l’inflammation et permet aussi le contrôle des poussées suivantes.

Le mode de fonctionnement du traitement est le suivant : l’injection sous-cutanée de la préparation de BCG entraîne la mobilisation de lymphocytes T régulateurs, qui migrent vers les foyers inflammatoires pour y contrôler l’inflammation. L’interleukine 10, une molécule anti-inflammatoire, est aussi produite en plus grande quantité.

En 2010, l’équipe de Gilles Marchal avait déjà démontré l’efficacité de cette souche vaccinale de BCG modifiée pour traiter des troubles inflammatoire comme l’asthme*. L’ensemble de ces résultats, très prometteurs, laisse espérer le développement de traitements efficaces et moins contraignants pour les personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques. Les chercheurs espèrent débuter des essais cliniques chez l’homme d’ici deux à trois ans.

* En savoir plus : lire Le BCG pour traiter l’asthme ?

Source :
Mycobacterium bovis Bacillus Calmette-Guérin killed by extended freeze-drying reduces coli tis in mice, Gastroenterology, le xx juin 2011. Micheline Lagranderie (1,2), Christophe Kluge (2), Hélène Kieffer-Biasizzo (3), Mohammad Abolhassani (1), Marie-anne Nahori (4), Catherine Fitting (5), Michel Huerre (6), Antonio Bandeira (7 *), Hervé Bercovier (8), Gilles Marchal (1,2).

(1) Institut Pasteur, Laboratoire d’Immunothérapie,
(2) Immunotherapix, BioTop Institut Pasteur
(3) Institut Pasteur, Plateforme de cytométrie
(4) Institut Pasteur, Unité des interactions bactéries-cellules,
(5) Institut Pasteur, Unité de Recherche Cytokines et inflammation,
(6) Institut Pasteur, Unité de Recherche et d’Expertise Histotechnologie et Pathologie,
(7) Institut Pasteur, Unité du développement des lymphocytes. * present address : Institut Pasteur, unité de Biologie des Populations Lymphocytaires.
(8) Hebrew University of Jerusalem, Department of Microbiology and Molecular Genetics, Faculty of Medicine, Jerusalem, Israel.