Vingt millions de vies sauvées grâce à la lutte et aux soins antituberculeux

D’après le Rapport sur la tuberculose dans le monde 2012 publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 20 millions de personnes seraient aujourd’hui en vie uniquement grâce à la lutte et aux soins antituberculeux.

« En l’espace de 17 ans, 51 millions de personnes ont été traitées et soignées avec succès conformément aux recommandations de l’OMS. Sans ce traitement, 20 millions de personnes seraient décédées», a déclaré le Dr Mario Raviglione, Directeur du Département OMS Halte à la tuberculose. «Ce résultat traduit l’engagement des gouvernements à transformer la lutte contre la tuberculose

Ces résultats ont été obtenus par les dirigeants des pays d’endémie et grâce à une aide internationale mais, aujourd’hui, l’OMS avertit que la lutte contre la maladie dans le monde reste fragile. « La dynamique créée pour faire échec à cette maladie est en réel danger. Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins, vers l’élimination de la tuberculose de notre vivant ou vers des millions de décès supplémentaires dus à la maladie » a estimé le Dr Raviglione.

La tuberculose reste la principale maladie infectieuse mortelle

Les nouvelles données figurant dans le Rapport sur la tuberculose dans le monde 2012 confirment que la tuberculose reste la principale maladie infectieuse mortelle aujourd’hui. Les résultats font apparaître:

– une baisse continue du nombre de personnes malades de la tuberculose, mais toujours une charge mondiale considérable avec 8,7 millions de nouveaux cas en 2011;
– un nombre estimatif de 1,4 million de décès dus à la tuberculose, dont 500 000 femmes, ce qui montre que la maladie est l’une des principales causes de mortalité pour les femmes;
– une diminution des taux d’incidence et de mortalité dans les six Régions OMS, bien que les Régions africaine et européenne ne soient pas encore en voie d’atteindre l’objectif consistant à réduire de moitié la mortalité par rapport à 1990 d’ici 2015;
– des progrès toujours très lents dans la riposte à la tuberculose multirésistante, avec seulement un patient sur cinq diagnostiqué dans le monde.

Le Rapport souligne également les succès remportés par certains pays – parmi lesquels le Cambodge, qui a enregistré une baisse de 45% de la prévalence de la tuberculose entre 2002 et 2011 – et rapporte, au total, des données pour 204 pays et territoires, qui couvrent tous les aspects de la tuberculose, y compris la tuberculose multirésistante, la tuberculose/VIH, la recherche-développement et le financement de la lutte contre la maladie.

Nouveau test de dépistage et nouveaux médicaments

Le Rapport se félicite de la mise en service au niveau mondial d’un nouvel outil de diagnostic qui permet de dépister la tuberculose, y compris la tuberculose multirésistante, en à peine 100 minutes. Le test d’amplification de l’acide nucléique (TAAN), entièrement automatisé, qui permet de diagnostiquer la tuberculose et la maladie résistante à la rifampicine est maintenant disponible dans 67 pays à revenu faible ou intermédiaire. L’adoption de ce test «à la minute» devrait encore s’accélérer suite à la baisse récente de 41% du prix.

Le Rapport signale également la découverte de nouveaux médicaments antituberculeux prometteurs – les premiers depuis 40 ans – qui pourraient arriver sur le marché dès 2013. Les outils de prévention, de dépistage et de traitement de toutes les formes de tuberculose progressent effectivement dans la filière de recherche-développement, estime-t-il.

À terme, ces progrès signifient qu’un nouveau vaccin antituberculeux et un outil de diagnostic sur le lieu des soins pourraient être disponibles au cours des dix prochaines années.

Mais l’élaboration de ces nouveaux outils a un prix – et le Rapport observe qu’il existe un déficit de financement de 1,4 milliard de dollars (US $) par an pour la recherche développement.

Trois milliards de déficit pour la lutte antituberculeuse

En dehors du déficit de financement de 1,4 milliard de dollars pour la recherche, on prévoit également un déficit de financement de 3 milliards par an entre 2013 et 2015 qui pourrait avoir de graves conséquences pour la lutte antituberculeuse, avertit le Rapport.

« Ce déficit menace de retarder l’administration de soins antituberculeux aux patients et d’affaiblir les mesures qui permettraient de prévenir et de maîtriser la propagation de la tuberculose, les pays à revenu faible ou intermédiaire étant les plus exposés », a déclaré le Dr Katherine Floyd, qui a coordonné l’équipe chargée du Rapport. Face à cela, l’OMS appelle à un financement international ciblé par les donateurs et à la poursuite des investissements par les pays eux-mêmes afin de protéger les acquis récents et de garantir la poursuite des progrès. Aujourd’hui, 90% de l’aide de donateurs extérieurs pour la tuberculose provient du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Source : OMS