Liberté d’installation, paiement au forfait : le PS ausculte les médecins libéraux

Le projet santé du Parti socialiste prend corps. Avant-première avec la discussion au conseil national du « Projet pour l’égalité réelle » dont un chapitre est consacré à la santé. Un forum consacré aux questions de santé devrait d’ailleurs avoir lieu début 2011. S’agissant de la médecine de ville, -une relative nouveauté pour le Parti socialiste- les socialistes prônent un changement radical des règles du jeu: le paiement à l’acte et la liberté d’installation.

 Sur ces deux points sensibles, le texte présenté par Benoit Hamon, porte-parole, pousse le bouchon le plus loin possible : on y lit en effet que le paiement à l’acte à vocation à devenir « résiduel », remplacé par des forfaits, et pour le reste, on se propose d’étendre aux médecins le « deal » infirmier : « un départ pour une arrivée en zone excédentaire ». Mais la philosophie du projet santé du PS devrait quand même tourner autour d’un aménagement sérieux des règles de l’exercice libéral : « Il y a place pour une refonte, mais qui n’est pas une remise en cause de la médecine libérale. Nous faisons l’hypothèse que les jeunes n’ont pas nécessairement les mêmes attentes et envies que ceux qui sont à cinq ans de la retraite », temporise Marisole Touraine, « Madame santé » du PS, qui rappelle que « cela fait des années que nous considérons qu’il faut évoluer vers les forfaits ». Concernant la liberté d’installation, Marisole Touraine, assure que le PS ne touchera pas au principe, mais elle juge indispensable de procéder à certains aménagements : « Il est normal que les Français puissent accéder à des professionnels de santé dans des délais raisonnables et que les pouvoirs publics fixent des références en la matière…»

Source : www.legeneraliste.fr

 • Il est intéressant de constater que le PS s’intéresse à la médecine de ville : c’est une première. Jusqu’alors, il ne s’était guère penché sur les aléas de la profession, estimant, avec raison, que les médecins de ville n’étaient pas la clientèle la plus encline à voter à gauche. Mais la donne a changé : le PS pense que les jeunes médecins sont moins conservateurs que leurs aînés et que la paupérisation de la profession peut jouer en sa faveur. Par ailleurs, ce n’est un secret pour personne : entre la droite et les praticiens de ville, ce n’est plus l’idylle. Nicolas Sarkozy le sait, qui a convié lundi à l’Elysée  huit médecins libéraux, généralistes et spécialistes venus de différentes régions de France, en présence de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et d’Elisabeth Hubert, ancienne ministre de la Santé, chargée d’une mission de concertation et de réflexion sur la « médecine de proximité ». De toute évidence, la majorité présidentielle tient à conserver la clientèle des praticiens libéraux : le C à 23 euros, qui a fait grincer tant de dents, est un beau cadeau électoral. Suffisant ? Voire. Pour l’heure, le Parti socialiste avance ses pions. Sera-t-il entendu sur la question des forfaits ? Par les patients, c’est probable. Par les médecins, c’est beaucoup moins sûr.

Hervé Karleskind