Vers un vaccin thérapeutique contre les bilharzioses

Couple de schistosomes, le ver femelle adulte, plus long et plus mince que le mâle, est retenu en permanence dans le sillon ventral du mâle. Copyright : Inserm / M.CapronDepuis 2006, l’Inserm est promoteur d’un essai clinique réalisé au Sénégal, visant à démontrer l’efficacité d’un vaccin thérapeutique contre la bilharziose. Après plusieurs années de recherche et de développement, l’efficacité thérapeutique du candidat vaccin est aujourd’hui en cours d’évaluation.

Le mardi 6 octobre dernier s’est tenu le troisième comité de pilotage de cet essai clinique baptisé Bilhvax 3. L’occasion de faire un bilan de l’avancement du projet, en présence des acteurs politiques, scientifiques et techniques et des partenaires financiers.

La bilharziose est, après le paludisme, l’infection parasitaire la plus répandue dans le monde. Elle affecte essentiellement les populations des pays en voie de développement. Plus de 200 millions de personnes en sont atteintes de façon chronique et 300 000 en meurent chaque année.

L’étude clinique Bilhvax 3 est le résultat de nombreuses années de recherche expérimentale en laboratoire et d’évaluations cliniques préliminaires. Elle entre aujourd’hui dans une étape dite de phase III, c’est-à-dire visant à tester l’efficacité thérapeutique du candidat vaccin Bilhvax. L’essai clinique effectué dans un cadre scientifique, éthique et réglementaire extrêmement rigoureux, évalue l’efficacité du vaccin chez des enfants sénégalais âgés de 6 à 9 ans et ayant déjà contracté la bilharziose.

Au cours de la phase de sélection entre novembre et décembre 2008, 250 enfants traités au raziquantel (seul traitement actuel de la maladie) et répondant aux critères médicaux ont été retenus et inclus. Entre mars et juin 2009, ces enfants touchés par cette infection ont reçu les trois administrations de la primo-vaccination. Ces premières injections doivent, si elles sont efficaces, provoquer la formation d’anticorps par l’organisme et assurer une protection ultérieure contre la bilharziose. Comme pour de nombreux vaccins thérapeutiques, un rappel annuel sera nécessaire.

Vers la production d’un vaccin thérapeutique
Pour le Docteur Gilles Riveau, coordinateur, à Lille, du programme Bilhvax 3 au sein de l’unité Inserm 547 « Schistosomiase, Paludisme et Inflammation », « l’objectif clinique est de réduire le risque de récidive de la pathologie liée à l’infection bilharzienne dans les trois ans qui suivent l’administration du vaccin. La mise en place de la production à l’échelle industrielle du vaccin par notre partenaire belge Eurogentec a déjà débuté. La plateforme clinique Espoir Pour La Santé gérée par nos collègues sénégalais est effective. Notre programme consiste à l’avenir à valider nos résultats et à les publier ».

Le vaccin Bilhvax devrait à terme limiter les conséquences pathologiques dramatiques de cette infection. Si les résultats sont concluants, c’est au terme de cet essai clinique que le vaccin pourra être mis à la disposition des pays touchés par la bilharziose.

Projet singulier et innovant, Bilhvax 3 s’inscrit dans une démarche de coopération décentralisée, faisant appel à des fonds publics. Vaste projet de solidarité internationale et de recherche scientifique, Bilhvax 3 est soutenu par le Conseil régional Nord – Pas de Calais, de nombreux partenaires publics et privés en France et au Sénégal, Wallonie Bruxelles International et la Principauté de Monaco.

Pour en savoir plus :
http://www.bilhvax.inserm.fr/