Grippe : Sanofi Pasteur dévoile ses recherches sur un vaccin « universel »

Virus de la grippe / LeemSanofi Pasteur, la division vaccins de Sanofi, a présenté lundi, lors du World Vaccine Congress (Congrès mondial sur les vaccins) qui se tient à Madrid (Espagne), des données sur le développement d’antigènes capables d’induire de larges réactions croisées contre les virus de la grippe saisonnière et pandémique.

C’est la 16e édition du World Vaccine Congress en Europe, forum important où les grands spécialistes des vaccins peuvent échanger leurs vues sur les nouveaux développements dans ce domaine. « Leader mondial dans la production de vaccins contre la grippe, Sanofi Pasteur a pour ambition d’être à la pointe de l’innovation et de préparer l’avenir en explorant plusieurs des grandes stratégies de vaccination contre la grippe, » a déclaré Olivier Charmeil, Président-Directeur Général de Sanofi Pasteur, société qui a fourni plus de 220 millions de doses de vaccin contre la grippe saisonnière en 2014.

Lors du World Vaccine Congress, Harry Kleanthous, Docteur ès sciences, Vice-Président associé, Recherche, de Sanofi Pasteur, a traité de la révolution scientifique que pourrait représenter la mise au point de vaccins antigrippaux à large spectre capables d’induire une protection contre de nombreuses souches de virus grippaux, alors que les vaccins actuellement homologués ne ciblent que 3 à 4 souches virales, déterminées chaque année avant la mise en route du processus de fabrication.

« Nous explorons activement les possibilités de développement d’un vaccin contre la grippe conférant une plus large protection, de façon à éviter les discordances qui peuvent exister entre le vaccin et les virus circulants lors de la saison grippale, ce qui n’est pas possible avec la technologie actuelle », a expliqué le Dr Kleanthous. « On peut envisager d’avoir recours à des antigènes ‘à la carte’, visant à recentrer la réponse immunitaire sur les épitopes de l’hémagglutinine qui jouent un rôle clé dans la protection. L’hémagglutinine est le composé actif des vaccins grippaux actuellement homologués », a-t-il poursuivi. « Ces antigènes sont encore au coeur des vaccins contre la grippe : les anticorps dirigés contre eux empêchent le virus grippal de se lier aux cellules et de les infecter. La création de nouveaux antigènes est au centre de notre stratégie. »

Selon le Dr Kleanthous, un accord de collaboration en R&D lie actuellement Sanofi Pasteur à l’Université de Géorgie (Etats-Unis). Cet accord porte sur une méthode qui pourrait déboucher sur un vaccin synthétique innovant, fondé sur la protéine hémagglutinine, qui permettrait de protéger pendant plusieurs années contre différentes souches de grippe saisonnière, et même contre les souches qui pourraient résulter de mutations (glissements antigéniques) mais qui n’existent pas encore. Les producteurs de vaccins traditionnels contre la grippe sont dépendants des autorités de santé publique qui leur fournissent les virus vaccinaux candidats, déterminés chaque année grâce à la surveillance active des virus grippaux en circulation.

Le vaccin expérimental de Sanofi Pasteur est un vaccin synthétique innovant, construit à partir des séquences génétiques essentielles d’un grand nombre de virus de la grippe. Dénommé COBRA (pour Computationally Optimized Broadly reactive Antigen – antigène à large réactivité optimisé par informatique), ce vaccin vise à protéger pendant plusieurs années contre de nombreuses souches virales, grâce aux séquences communes à de nombreux virus grippaux. Son principal avantage est de fournir une protection plus large contre plusieurs souches de grippe saisonnière, ce qui est important en cas de discordance entre la souche vaccinale et les virus circulants. Autre avantage de cette approche, le producteur ne dépend plus de la sélection annuelle de la souche, ce qui permet de produire le vaccin tout au long de l’année.

« Nous travaillons avec le Dr Ted Ross, un des plus grands spécialistes des maladies infectieuses, basé à l’Université de Géorgie ; il développe actuellement des vaccins COBRA à partir des séquences des années précédentes, de façon à couvrir le plus de souches possible et à optimiser les réponses immunitaires induites par le vaccin contre la grippe », a expliqué le Dr Kleanthous. « Il nous faut trouver les éléments communs qui ne varient pas chaque année, étudier comment les vaccins antigrippaux ont fonctionné dans le passé, et tester ce qui est pertinent au niveau immunologique pour un vaccin antigrippal à large spectre. Ces vaccins améliorés, notamment les vaccins COBRA – contenant des antigènes capables de protéger contre différents virus grippaux circulant simultanément et contre les virus résultant de glissements antigéniques, ainsi que d’autres antigènes capables d’induire des mécanismes de protection complémentaires – devraient permettre de couvrir un plus grand nombre de souches et d’être beaucoup plus efficaces », a conclu le chercheur.

D’après John Shiver, docteur ès sciences, Senior Vice-Président, Recherche et Développement de Sanofi Pasteur, il faudra, lors des essais cliniques, comparer les candidats vaccins universels aux vaccins saisonniers actuels qui constituent la référence ; il faudra obtenir la preuve de leur innocuité, montrer qu’ils sont aussi immunogènes que les vaccins de référence, et qu’ils sont efficaces contre différentes souches de virus grippal, et ce sur plusieurs années. « L’objectif ultime, c’est d’obtenir un vaccin vraiment universel ; mais nous pensons, dans un premier temps, pouvoir remplacer le vaccin saisonnier actuel, nécessitant une administration annuelle, par un vaccin à large spectre », a-t-il précisé. « La science, et notamment la R&D sur les vaccins, est un processus itératif. C’est une évolution. »

Source : Sanofi