Ministère de la Santé : qui remplacera Roselyne Bachelot ?

Aussi étrange que cela puisse paraître, le maroquin de Roselyne Bachelot, ministre sortante de la Santé, suscite encore des convoitises. Et pourtant, la tâche n’est pas facile et pour tout dire, mortifère. La liste des ministres de la Santé tombés au champ d’honneur est longue. A la faveur du prochain remaniement -quel feuilleton !-, qui peut remplacer Roselyne Bachelot ? Tour d’horizon.

Le monde de la Santé va jouer au jeu des chaises musicales. Et pas seulement au ministère.  A l’Elysée aussi. Le départ, c’est une démission, du très influent Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy, agite les esprits : depuis plus de trente ans, (il officiait déjà du temps de Raymond Barre, Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing), Raymond Soubie est le chef d’orchestre social des gouvernements de droite. On lui doit la quasi totalité des plans de réforme de l’assurance maladie (à l’exception du Plan Juppé), et il est bien sûr l’architecte de la réforme des retraites. Son départ est motivé par sa volonté de retourner dans le privé.  Autre changement attendu, le départ de Noël Renaudin, patron du CEPS (Comité économique des produits de santé) figure historique et bougonne de cette institution, également connu pour les superbes figurines qu’il confectionne avec les journaux pendant les conférences de presse… Atterrissage prévu au collège de la Haute autorité de santé (HAS). C’est d’ailleurs là que se dessine un autre changement de tête : le patron, Laurent Degos, cèderait sa place à la fin de l’année à Didier Houssin, actuel directeur de la DGS (Direction générale de la santé).

Tous ces changements sont bien entendu subordonnés à l’arrivée du nouveau (ou de la nouvelle) ministre de la Santé. La mieux placée, de l’avis général, est Elisabeth Hubert, médecin généraliste, ancienne députée ee Loire atlantique : elle est actuellement chargée d’une mission sur la « médecine de proximité » commandée par l’Elysée dans le but de recoller la vaisselle cassée avec les médecins libéraux qui auront, sans nul doute possible, obtenu le scalp de Roselyne Bachelot. Cacique de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), le principal syndicat de médecins, Elisabeth Hubert a déjà été ministre de la Santé dans le premier gouvernement Juppé. Elle en avait été virée sans ménagement à l’automne 1995, au moment où le Premier ministre d’alors, Alain Juppé, avait lancé son fameux plan de redressement des comptes de l’assurance maladie et des retraites (déjà…).  Avantages : elle connaît parfaitement le dossier, les médecins l’apprécient . Inconvénients : elle parle dru, et passe pour avoir un caractère bien trempé. Ses rapports avec Frédéric van Roekeghem, l’inamovible patron de la CNAMTS, risquent d’être pour le moins électriques, surtout au moment de l’entrée en vigueur du C à 23 euros.  Autre nom cité, celui de Nathalie Kosciusko-Morizet, actuellement secrétaire d’Etat au Développement numérique. Une hypothèse jugée peu probable : elle est inconnue ou presque du monde de la santé, un monde pas facile qui peut vite devenir un enfer. Et comme il faut toujours un outsider, reparlons de Philippe Douste-Blazy qui s’ennuie aux Nations-Unies et qui ferait volontiers un come-back pour un troisième séjour avenue Duquesne. Les médecins libéraux l’apprécient, il sait très bien faire passer les potions amères, et serait tout à fait à même de jouer les « Monsieur Bons Offices » avec les praticiens de ville qui n’ont toujours pas gobé d’avoir été évincés du dispositif vaccinal dans la calamiteuse affaire de la grippe A/H1N1. Pour clore cet épisode du long feuilleton du remaniement,  citons ceux (rares…) qui pensent que Roselyne Bachelot pourrait rempiler. Hypothèse très peu vraisemblable : l’actuelle ministre a été blacklistée de l’université d’été de la CSMF, un événement sans précédent. Autant dire tout de suite que, si Nicolas Sarkozy cherche à se réconcilier avec les médecins, il n’aura pas fait le bon choix.

Hervé Karleskind