Primpéran®: l’Afssaps recommande le retrait des spécialités à usage pédiatrique

La Commission d’AMM de l’Afssaps a recommandé lors de sa réunion du 13 octobre d’étendre la contre-indication aux enfants en dessous de 18 ans pour toutes les spécialités à base de métoclopramide, actuellement indiquées dans la population pédiatrique et de retirer du marché les spécialités uniquement à usage pédiatrique.

Le métoclopramide (Primpéran® et génériques) est un neuroleptique antagoniste de la dopamine qui prévient les vomissements. Les médicaments à base de métoclopramide disposent d’AMM nationales dont la première a été octroyée dans les années 60.

Il est disponible sous différentes formes pharmaceutiques (comprimé, solution buvable, suppositoire, solution injectable). Le métoclopramide est indiqué chez l’enfant et chez l’adulte dans les nausées et vomissements induits ou non par les chimiothérapies. Les indications et les posologies autorisées sont spécifiques selon la forme pharmaceutique, la population (adulte ou enfant) ou l’utilisation en oncologie ou hors oncologie.

Le métoclopramide peut être à l’origine d’effets indésirables neurologiques, notamment des troubles extrapyramidaux (tremblements, mouvements anormaux de la tête et du cou, etc.). Ces effets sont connus et mentionnés dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) et la notice du médicament. En France, des enquêtes de pharmacovigilance ont montré la prépondérance des effets extrapyramidaux chez les enfants et un mésusage en pédiatrie pouvant conduire à un surdosage apparaissant comme un facteur de risque important dans la survenue d’effets indésirables neurologiques. Afin de limiter le risque de survenue de ces effets neurologiques dans cette population plusieurs mesures ont été mises en œuvre sur le plan national. En novembre 2010, ces préoccupations nationales ont été renforcées par les conclusions de la procédure européenne d’évaluation des données pédiatriques recommandant : la suppression des indications dans les nausée s et vomissements non induits ou induits par les chimiothérapies en pédiatrie, quelque soit la forme, la non recommandation de l’utilisation du métoclopramide dans la population pédiatrique et la contre-indication chez le nouveau-né.

Ces conclusions ont conduit l’Afssaps à engager une réévaluation du rapport bénéfique/risque des spécialités à base de métoclopramide dans son utilisation chez l’enfant et l’adolescent. Les données disponibles montrent que le métoclopramide présente un profil de risque défavorable avec un risque augmenté de survenue d’effets neurologiques /extrapyramidaux dans la population pédiatrique, ce risque augmentant pour des doses élevées ou répétées. La démonstration clinique de l’efficacité du métoclopramide reste par ailleurs insuffisante.

L’existence d’alternatives thérapeutiques et le niveau de risque connu n’étant plus compatibles avec une utilisation dans la population pédiatrique au regard d’une efficacité peu établie, la Commission d’AMM a considéré que le rapport bénéfice/risque du métoclopramide n’était plus favorable dans cette population. Par conséquent, la Commission d’AMM recommande d’étendre la contre-indication aux enfants en dessous de 18 ans pour toutes les spécialités à base de métoclopramide actuellement indiquées dans la population pédiatrique et de retirer du marché les spécialités uniquement à usage pédiatrique à savoir les spécialités Primpéran Nourrissons et Enfants 2,6mg/ml solution buvable et Primpéran Enfants 2,6mg/ml solution buvable .

Par ailleurs, la Commission d’AMM propose d’élargir la réévaluation de la balance bénéfice/risque chez l’adulte particulièrement chez le sujet âgé en raison notamment du risque d’effets indésirables neurologiques et cardiovasculaires potentiellement graves.

Les professionnels de santé seront tenus informés de cette restriction d’utilisation dans la population pédiatrique et du projet de réévaluation du rapport bénéfice/risque chez l’adulte.

Source : Afssaps